La visite surprise du numéro 2 de la Maison-Blanche, la veille du 5e anniversaire de l'invasion, se veut être un «encouragement» aux Irakiens. Le vice-président américain Dick Cheney a entamé, hier, une visite surprise à Baghdad pour encourager les responsables irakiens à faire progresser la réconciliation politique, essentielle aux yeux de Washington à la «pacification du pays». Ce voyage intervient à la veille du cinquième anniversaire de l'intervention américaine en Irak, le 20 mars 2003, dont M.Cheney a été un des principaux artisans, et qui est devenue très impopulaire aux Etats-Unis. Il a rencontré dans la matinée d'hier les principaux responsables américains -le général David Petraeus, et l'ambassadeur Ryan Crocker-, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, et devait s'entretenir avec le président Jalal Talabani. Selon son entourage, cette visite, accompagnée de mesures de sécurité très strictes, permettra au vice-président de mesurer les changements en Irak depuis sa dernière visite en mai 2007. L'arrivée de renforts américains, l'enrôlement de combattants sunnites comme auxiliaires de sécurité et une trêve de la principale milice chiite ont conduit à une baisse significative de la violence à Baghdad et dans l'ouest du pays. Toutefois, une série de récents attentats meurtriers a fait craindre une reprise des attaques dans la capitale irakienne, alors que les violences politiques et interconfessionnelles ont fait des dizaines de milliers de morts parmi les civils depuis mars 2003. Peu après l'arrivée de M.Cheney à Baghdad, la capitale irakienne a été secouée par une forte explosion d'origine indéterminée. En milieu de matinée, une seconde explosion a été entendue dans le centre-ville. Il s'agissait d'un tir de mortier qui a visé la «zone verte» de Baghdad, où est installée l'ambassade des Etats-Unis, selon une source au ministère irakien de l'Intérieur. Toute la matinée, des hélicoptères américains ont survolé la capitale. Dans un récent entretien avec le Washington Post, le général Petraeus avait souligné que la réconciliation politique entre les différentes factions irakiennes était loin d'être satisfaisante. Cette lenteur inquiète Washington qui considère que la présence de quelque 160.000 soldats américains en Irak aurait dû créer les conditions de sécurité nécessaires à une entente politique solide entre protagonistes irakiens. Récemment, des lois considérées comme essentielles ont été votées par le Parlement, notamment sur le pouvoir des provinces et les élections régionales prévues le 1er octobre, et la réintégration de fonctionnaires et militaires de l'ancien régime. Une loi sur les hydrocarbures, qui organise la participation de capitaux privés et étrangers dans ce secteur nationalisé depuis les années 70 et la répartition des revenus entre les régions, est toujours en discussion après des mois de débats.