Le vice-président américain Dick Cheney est à Bagdad pour officiellement encourager les responsables irakiens à faire progresser la réconciliation politique, essentielle aux yeux de Washington à la pacification du pays, mais en réalité pour sauver les meubles américains, avant que le président Bush ne remette la clef de la Maison-Blanche en janvier 2009. La visite “surprise” du bras droit de Bush, pour ne pas dire de son sherpa, intervient à la veille du cinquième anniversaire de l'invasion américaine en Irak, le 20 mars 2003, dont Cheney a été un des principaux artisans, et qui a fini par devenir très impopulaire aux Etats-Unis. Cheney, chef de file de lobbyistes pétroliers, devait, avant de rencontrer le Premier ministre irakien Nouri El-Maliki et le président Jalal Talabani, tenir une séance de travail avec les responsables américains de l'occupation irakienne : le général David Petraeus, et l'ambassadeur Ryan Crocker. Pour sa visite accompagnée de mesures de sécurité très strictes, Le numéro deux de la Maison-Blanche a été accueilli par une immense explosion dans la capitale irakienne où l'arrivée de renforts américains, l'enrôlement de combattants sunnites comme auxiliaires de sécurité et une trêve de la principale milice chiite ont conduit à une baisse significative de la violence à Bagdad et dans l'ouest du pays. Peu après l'arrivée hier de Cheney à Bagdad, la capitale irakienne a été secouée par une forte explosion d'origine indéterminée. En milieu de matinée, une seconde explosion a été entendue dans le centre-ville. Il s'agissait d'un tir de mortier qui a visé la zone verte de Bagdad, où est installée l'ambassade des Etats-Unis. Toute la matinée, des hélicoptères américains ont survolé la capitale. Washington a toujours clamé que la présence de 160 000 soldats américains en Irak doit créer les conditions de sécurité nécessaires à la stabilisation de l'Irak. Cheney doit exhorter les responsables irakiens à continuer de montrer qu'ils peuvent faire des progrès, dans les domaines politiques et économiques, en mettant en œuvre les lois considérées comme essentielles votées récemment par le parlement irakien sur le pouvoir des provinces et les élections régionales prévues le 1er octobre, et la réintégration de fonctionnaires et militaires du régime de Saddam. Une loi sur les hydrocarbures, qui organise la participation de capitaux privés et étrangers dans ce secteur nationalisé depuis les années 1970 et la répartition des revenus entre les régions, est toujours en discussion après des mois de débats. Le général Petraeus et l'ambassadeur Crocker doivent présenter les 8 et 9 avril un nouveau rapport d'étape devant le Congrès, alors que la guerre en Irak qui a tué près de 4 000 militaires américains a perdu le soutien d'une majorité d'Américains. L'occupation a coûté au moins 400 milliards de dollars et est un des sujets les plus controversés de la campagne pour la présidentielle de novembre aux Etats-Unis. D. B.