Touchés à vif par la disparition tragique du jeune Kerdjadj Farid, les habitants du village Tanouda ont occupé la route Nationale 26, dans la soirée de vendredi, jusque vers vingt heures. Le défunt, âgé de treize ans, allait rejoindre ses copains sur un terrain de jeu de fortune, situé sur la rive de l'oued Mazouz, quand il fut fauché par un véhicule roulant à tombeau ouvert. Outre la fréquence des accidents de la route sur ce tronçon réputé dangereux, situé après la zone industrielle d'Akbou en allant vers Béjaïa, le petit village de Tanouda a enregistré, le vendredi après-midi, la huitième victime depuis l'ouverture de la déviation de l'ancien tracé de la RN 26 à cet endroit. Le village Tanouda est ainsi enserré entre l'ancienne RN 26, toujours fonctionnelle qui le frôle à l'ouest et le sépare du cimetière commun avec le village de Lazib dit «Benaly-Cherif» et le nouveau passage de la RN 26 à l'est, et l'oued Mazouz qui le sépare du village voisin, Lazib dit «Benaly-Cherif». Avec l'immense enceinte de l'entrepôt, construite par un entrepreneur consécutivement «aux ventes à tour de main» auxquelles se livrent les héritiers Benaly-Cherif depuis ce qui est appelé «restitution» par la wilaya de Béjaïa, sur les terres de l'ancien domaine agricole autogéré «Akoul Ali», le village de Tanouda semble à la fois cloîtré et perdu. Les écoliers de ce village sont, notamment en période de crues, bien obligés d'emprunter l'un des tracés (l'ancien ou le nouveau) de la route Nationale pour rejoindre l'école primaire construite au nord-est du village voisin Lazib: il n'y a pas de pont entre les deux. Tanouda est un village issu d'un centre de regroupement colonial, mis en place par l'armée française en 1957: il regroupait à l'origine des familles de plusieurs villages des communes actuelles d'Ouzellaguen et de Chellata. A l'Indépendance, ils y sont maintenus, leurs villages étant anéantis par les bombardements de l'armée française et d'autres ouvriers agricoles, venus du Hodna, s'y sont installés, formant ainsi une communauté. De l'Indépendance à aujourd'hui, les familles se sont élargies et l'espace devenait exigu, pendant que la raison d'être de ce village, et ceux alentour, semble être perdue, surtout depuis le fameux arrêté dit de restitution, décidé par la wilaya de Béjaïa en faveur des descendants de l'ancien caïd Benaly-Cherif qui font vite de vendre ce don de l'administration au mètre carré, bientôt transformé en murs de béton. C'est dans ce contexte que l'action de protestation de jeudi 03 avril 2008, est venue. Ils ont exigé avant tout la mise en place de dos-d'âne, pour inviter les automobilistes à observer les règles de conduite en zones habitées, notamment sur le tronçon qui relie les villages Tanouda, Lazib et Tala n'Teslent. L'occupation de la route a été levée aussitôt que le chef de daïra est venu sur les lieux et a solennellement promis d'agir pour juguler la catastrophe routière réputée en cet endroit. Les habitants ont remarqué l'absence d'autres responsables.