«Keep the Americans in, the Soviets out and the Germans down» Devise de Lord Ismay, premier S.G. de l´Otan Le président roumain Traian Basescu, qui a accueilli le plus grand Sommet des 26 Etats membres de l´Otan, a déclaré qu´introduire l´Ukraine et la Géorgie dans le MAP est une suite logique du point de vue roumain. Mais l´invitation de la Macédoine à rejoindre l´Otan n´est pas encore conclue. La Grèce, membre de l´Otan, s´y est opposée car l´ancienne République yougoslave a le même nom constitutionnel qu´une province grecque. Après le Sommet de l´Otan à Bucarest, les présidents Bush et Poutine se sont à nouveau retrouvés pour une rencontre bilatérale à Sotchi, les 5 et 6 avril. "Vladimir Poutine et George W.Bush n´ont réussi à se mettre d´accord sur aucune des questions clés de l´agenda russo-américain. De fait, les deux présidents sortants laissent à leurs successeurs un ensemble de problèmes: le bouclier antimissile américain, le nouveau traité sur les forces conventionnelles, l´élargissement de l´Otan à la Géorgie et l´Ukraine." "´Les négociations ont été très difficiles", a confié une source au sein de la délégation russe après le départ de Bush, rapporte la Nezavissimaïa Gazeta. The Washington Post souligne que "cette rencontre a porté sur les mêmes questions qui avaient animé la première entrevue entre les deux hommes en juin 2001: défense antimissile, énergie, expansion de l´Otan et non-prolifération. Entre business et nostalgie, cette dernière visite a montré en quoi les relations entre les deux pays ont changé tout en restant un peu les mêmes."(1) Retour en bref sur l´histoire de cette Organisation, fer de lance de l´impérialisme américain sur le continent européen. Le 4 avril 1949 - Les USA, le Canada, et 10 autres Etats d´Europe de l´Ouest signent le traité de Washington pour créer l´Organisation du Traité de l´Atlantique Nord. L´article 5 du Traité stipule que " les parties sont d´accord sur le fait qu´une attaque armée contre l´un ou plusieurs d´entre eux en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque contre tous...".Le 6 mai 1955 - L´Allemagne de l´Ouest rejoint l´Otan. 8 jours plus tard, l´Union Soviétique rassemble 8 états d´Europe de l´Est dans le Pacte de coalition de Varsovie. Le 10 mars 1966 - Le président Charles de Gaulle sort la France de la structure militaire intégrée de l´Otan. Les quartiers généraux de l´Otan déménagent de Paris à Bruxelles l´année suivante. Le 19 novembre 1990, Fin de la Guerre froide, l´Otan et le Pacte de Varsovie font publiquement une déclaration conjointe de non-agression. 8 mois plus tard, l´Organisation du Traité de Varsovie est officiellement dissoute. Le 16 décembre 1995- l´Otan lance la plus grande attaque militaire en soutien à l´accord de paix de Bosnie. 24 mars 1999. Le 12 septembre 2001 - Après les attaques du 11 septembre contre les Etats Unis, l´Otan invoque l´article 5 pour la première fois, déployant des systèmes radar et de contrôle aérien aux Etats-Unis. Le 11 août 2003 - l´Otan prend le commandement des forces de maintien de la paix basées à Kaboul en Afghanistan. Le 2 avril 2004 - L´Otan s´élargit à 26 membres avec l´entrée des anciens Etats communistes Le 25 juin 2007 - Le secrétaire général de l´Otan, Jaap de Hoop Scheffer, se positionne en faveur du plan US d´installation d´un système de défense anti-missile en Europe de l´Est. (2). La France s'aligne On aurait pu croire qu´avec la fin de la guerre froide, il y aurait un démantèlement de l´Otan comme celui du Pacte de Varsovie. Il n´en fut rien. Comme disait le premier secrétaire général de l´organisation transatlantique, Lord Ismay, l´Otan, c´est " Keep the Americans in, the Soviets out and the Germans down ". Or si les Soviétiques sont "out" depuis 1989 et qu´il n´y a plus de raison de garder l´Allemagne "down", les Américains sont, eux, toujours bel et bien "in". Une explication est donnée par Ron Paul, candidat à l´investiture présidentielle du parti républicain qui intervenait devant le Congrès US, concernant la résolution 997 "exprimant un soutien fort pour que l´Otan active un plan d´adhésion pour la Georgie et l´Ukraine". Ecoutons-le: " M. le porte-parole, je me lève en opposition à cette résolution appelant à une expansion de l´Otan aux frontières de la Russie. L´Otan est une organisation dont l´objectif s´est terminé avec la fin du Pacte de Varsovie de l´adversaire. Quand l´Otan s´est activée pour redéfinir son futur après la guerre froide, elle a fini par attaquer un Etat souverain, la Yougoslavie, qui n´avait ni envahi ni menacé aucun Etat membre de l´Otan. L´expansion de l´Otan ne bénéficie seulement qu´au complexe militaro-industriel US, qui va profiter de l´accroissement des ventes d´armes aux nouveaux membres de l´Otan. La "modernisation" des anciennes armées soviétiques en Ukraine et en Georgie, cela voudra dire des dizaines de millions de ventes pour les industriels US et européens. M. le porte-parole, l´Otan devrait être démantelée et non élargie".(3). L´un des scoops de ce sommet est la décision française de rentrer dans le rang. Dans un éditiorial du Monde, on lit: "Les symboles comptent. En politique comme ailleurs, on ne les malmène pas sans risque. Depuis 1966, la France ne fait plus partie du commandement intégré de l´Otan. De Gaulle a jugé, il y a quarante-deux ans, que le maintien de la France dans une structure militaire dominée par Washington était une atteinte à la souveraineté nationale. Depuis, cette posture d´allié de l´Amérique pas tout à fait comme les autres est l´un des marqueurs de l´identité française en politique étrangère. Un symbole, en somme, un des éléments du consensus national. C´est à ce symbole-là que M.Sarkozy s´apprêterait à porter atteinte. En France, à gauche comme à droite, certains y voient un crime d´"alignement bushiste", le retour à un statut de vassal des Etats-Unis; ils stigmatisent la trahison d´un héritage gaulliste jamais encore remis en cause.(4) Pour en revenir à ce maintien de l´Otan, il faut tenter de décrypter, à l´instar de Paul-Marie de La Gorce, la tentation de gestion du monde par les Etats-Unis qui s´appuient d´abord sur leur armée, qui est en fait l´essentiel de l´Otan, Ecoutons-le: "L´armée américaine, est prête pour tout ce que notre commandant en chef nous demandera de faire", a déclaré, fin février, le général Richard Myers, chef d´état-major interarmées des Etats-Unis. Derrière la rhétorique guerrière du président George W.Bush, réaffirmée lors de sa récente tournée asiatique, l´énorme machine militaire américaine se prépare aux prochains assauts contre les pays accusés de former l´" axe du Mal", et en premier lieu l´Irak. (...) Devant les officiers stagiaires de l´Université de la défense nationale, le 31 janvier 2002 à Washington, M.Donald Rumsfeld, secrétaire américain à la Défense, a exposé la nouvelle doctrine militaire des Etats-Unis. "Nous devons agir maintenant, a-t-il déclaré, pour avoir une capacité de dissuasion sur quatre théâtres d´opération importants", ajoutant qu´il fallait être désormais en mesure "de vaincre deux agresseurs en même temps tout en ayant la possibilité de mener une contre-offensive majeure et d´occuper la capitale d´un ennemi pour y installer un nouveau régime."(5) "Avant le début des années 1970, la politique américaine de défense se donnait pour but la préparation à "deux guerres et demie". Dans l´esprit de la guerre froide, où les Etats communistes semblaient constituer un bloc unique, il fallait prévoir une éventuelle guerre contre l´Union soviétique, une autre de même nature contre la Chine et, en même temps, une autre réduite à une dimension régionale contre des pays ennemis, sans capacité militaire comparable à celle des deux Grands, telles la guerre de Corée, celle du Vietnam ou les expéditions militaires menées au Liban, au Guatemala ou à Saint-Domingue. Le divorce entre l´URSS et la Chine amena le président Richard Nixon à faire adopter le concept d´" une guerre et demie" qui prévoyait un conflit majeur, soit avec l´Union soviétique, soit avec la Chine, et un conflit limité tel qu´on l´avait envisagé jusque-là ".(5) Hégémonie planétaire Enfin, aussitôt après la fin de la guerre froide, l´administration Bush (père) fit publier, en 1991, un document intitulé Base Force Review: cette nouvelle doctrine envisageait désormais "deux conflits régionaux majeurs" (Major Regional Conflicts). L´administration Clinton confirma ces orientations en 1993 dans la Bottom-Up Review, puis en 1997 dans la Quadriennal Defense Review, où ces conflits furent rebaptisés "guerres de théâtre majeur" (Major Theater Wars). Les défenseurs et les artisans de la doctrine militaire américaine exposent, sans gêne ni complexe, le lien entre ce concept de "contrôle stratégique" et les projets actuels de défense antimissile. (...) La leçon est claire. L´administration américaine ayant annoncé que, pour atteindre ses objectifs, le recours à la force devient nécessaire et légitime, elle rassemble pour ce faire tous les moyens de la force".(5) Il s´agit bien d´une hégémonie planétaire. Pour rappel et comme l´écrit Habib Kharroubi: "L´Otan en Occident et le Pacte de Varsovie, son pendant dans le camp soviétique, ont vu le jour dans le contexte de "guerre froide" ayant marqué après 1945 les rapports Est-Ouest. La chute du mur de Berlin et l´effondrement de l´Empire soviétique ont provoqué la dislocation du Pacte de Varsovie. Un moment, il a semblé que sa disparition allait entraîner celle de l´organisation militaire qui fut son compétiteur côté occidental. C´était compter sans les calculs des Etats-Unis concernant la mise en place du nouvel ordre mondial qu´ils ont décidé d´imposer à la planète". (...) L´élargissement à l´est de l´Europe de l´Otan inquiète quant à lui directement la Russie, qui y voit une volonté des Etats-Unis de rapprocher, au plus près de ses frontières nationales, le champ opérationnel de cette organisation militaire. (...) L´Otan est devenue le bras armé des Etats-Unis et l´exécutant de leur politique internationale. Or, celle-ci a pour objectif de consolider l´Empire américain régentant le monde, au prix même d´interventions armées contre les Etats qui contesteraient l´hégémonie US. Il faut être naïf pour ne pas voir que l´Otan est au service des projets expansionnistes américains et que ceux-ci sont camouflés par la mise en avant de la nécessité de la lutte coordonnée contre le terrorisme et de la préservation de la légalité internationale".(6). La réalité du monde: l´Empire se met en place En fait, les inquiétudes de l´Occident sont loin d´être fondées. Les non-dits cachent la réalité: ce que j´avais appelé dans une publication dans ce même journal: la privatisation du monde. Plus rien ne doit s´opposer à la mondialisation-laminoir pour reprendre le mot de Jacques Chirac. Ce gouvernement de l´ombre substitue aux instances mises en place après la Seconde Guerre mondiale une nouvelle organisation du monde basée sur le droit de la force, l´Otan sera le bras armé des nouvelles instances mises en place pour contrôler le monde pour le plus grand profit des Etats-Unis et subsidiairement de leurs alliés ou vassaux pour être plus précis. Ignacio Ramonet y voit dans ce commandement invisible: une stratégie sur trois fronts. Ecoutons-le: "Les citoyens doivent savoir que la mondialisation libérale attaque désormais les sociétés sur trois fronts. Central parce qu´il concerne l´humanité dans son ensemble, le premier front est celui de l´économie. Il demeure placé sous la conduite de ce qu´il faut vraiment appeler l´" axe du Mal", constitué par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l´Organisation mondiale du commerce (OMC). Cet axe maléfique continue d´imposer au monde la dictature du marché, la prééminence du secteur privé, le culte du profit, et de provoquer, dans l´ensemble de la planète, de terrifiants dégâts" "Le deuxième front, clandestin, silencieux, invisible, est celui de l´idéologie. Avec la collaboration active d´universités, de prestigieux instituts de recherche (Heritage Foundation, American Enterprise Institute, Cato Institute), de grands médias (CNN, The Financial Times, The Wall Street Journal, The Economist, imités en France et ailleurs par une foule de journalistes asservis), une véritable industrie de la persuasion a été mise en place afin de convaincre la planète que la mondialisation libérale apporterait enfin le bonheur universel. En s´appuyant sur le pouvoir de l´information, des idéologues ont ainsi construit, avec la passive complicité des dominés, ce qu´on pourrait appeler un délicieux despotisme. (...) Le troisième front, inexistant jusqu´à présent, est militaire. Il a été ouvert au lendemain du traumatisme du 11 septembre 2001. Et vise à doter la mondialisation libérale d´un appareil de sécurité en bonne et due forme. Un moment tentés de confier cette mission à l´Otan, les Etats-Unis ont décidé d´assumer seuls cette mission et de se doter de moyens considérables pour l´exercer avec la plus impressionnante efficacité". "La fonction des vassaux est de s´incliner, et l´Amérique aspire désormais à exercer une domination politique absolue. "Les Etats-Unis sont en quelque sorte le premier Etat proto-mondial, constate William Pfaff. Ils ont la capacité de prendre la tête d´une version moderne de l´empire universel, un empire spontané dont les membres se soumettent volontairement à son autorité." Cet empire aspire à réaliser, dans les faits, la mondialisation libérale. Tous les opposants, tous les dissidents et tous les résistants doivent maintenant savoir qu´ils seront combattus sur ces trois fronts: économique, idéologique et militaire. Et que le temps du respect des droits humains semble révolu, comme le prouve l´établissement de ce scandaleux "bagne tropical" à Guantanamo où plusieurs Européens sont séquestrés dans des cages...L´axe du Mal (FMI, Banque mondiale, OMC) dissimulait son vrai visage. On le connaît à présent ".(7) (*) Ecole nationale polytechnique 1.Poutine et Bush: 24ie et dernière et infructueuse rencontre Courrier international. 7.avr.2008 2.L´Otan: Synthèse Mireille Delamarre Reuters 31/03/08 3.Ron Paul. Intervention au Congrès. Source www.antiwar.com 01/04/08 4.Edito:La France et l´Otan. Le Monde 04.04.08. 5.P.M. de La Gorce: Le grand mensonge des guerres propres,mars 2002, Le Monde Diplomatique 6.H.Kharroubi. L´Otan en lieu et place de l´ONU, http:/lequotidien-oran.com/?news=5101617 7.Ignacio Ramonet: L´axe du Mal Le Monde Diplomatique. Mars 2002