La Charte pour la paix et la réconciliation nationale accuse un dysfonctionnement dans l'application de ses textes. Décidément, l'Algérie dérange. Les responsables de la chaîne de télévision qatarie, Al Jazeera, en font une affaire personnelle. La dernière preuve a été rendue publique par Farouk Ksentini. Le président de la Commission nationale algérienne consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) affirme que des repentis ont été touchés par cette chaîne de télévision, moyennant une somme d'argent, pour disculper la politique de réconciliation nationale, adoptée par référendum. S'exprimant hier sur les ondes de la Radio nationale, Farouk Ksentini a révélé avoir été destinataire d'une liste de préoccupations de la part de 250 repentis. Ces derniers auraient été sollicités par cette chaîne de télévision pour accorder des entretiens avec des avis négatifs sur la Réconciliation nationale, affirme Farouk Ksentini. Et d'ajouter qu'ils ont demandé à saisir le président de la République sur la question. «Ce sont les repentis qui m'ont nommé expressément la chaîne Al Jazeera», précise Farouk Ksentini. «Cette chaîne soutient toute action visant à déstabiliser l'Algérie», dénonce le président de la Cncppdh. Sur sa lancée, l'invité de la Radio a ajouté que ces repentis se sont plaints des organisations non gouvernementales, hostiles à l'Algérie, qui auraient opté pour la même démarche de dénigrement envers la Charte portant Réconciliation nationale. Sur un autre plan, Farouk Ksentini a affirmé que des repentis ayant bénéficié de la Charte se sont plaints de leurs conditions sociales. En outre, ils exigent la régularisation de leur situation juridique. Dans leur requête, ces repentis mentionnent qu'ils sont toujours considérés comme recherchés bien qu'ils aient renoncé à leur activisme armé depuis plus de dix ans. Ils sont privés de travail. Ils ne peuvent avoir de passeport. Les repentis attestent, par ailleurs, n'avoir aucun document justifiant leur situation, même pas un livret de famille. Et de préciser que certains de leurs enfants ne sont pas scolarisés. Ces mêmes repentis affirment attendre leur réintégration dans leur poste de travail. Interrogé sur l'éventualité d'un retour de repentis au maquis, Me Ksentini estime qu'«il y a une minorité qui est remontée. Rien n'est parfait. La Réconciliation nationale n'est pas une opération simple mais délicate. Elle fait encourir des risques et en encourt toujours.» «Il n'y a pas que les repentis qui se plaignent des dysfonctionnements dans l'application des textes portant réconciliation nationale. D'autres parties le font également savoir, notamment en ce qui concerne des pratiques de la bureaucratie», a-t-il indiqué, estimant «nécessaire de les écouter et de les aider à régler leurs problèmes». Expliquant que «l'inspiration de cette charte est politique», il considère «honnêtement, que c'est la seule voie pour le retour à la paix civile. C'est un projet de société fondé sur la fraternité et l'unité du pays». Il juge le texte «d'une extrême générosité, il est fondé sur le pardon». Même si la justice a été mise entre parenthèses. Selon un des représentants des repentis qu'il a reçu «la Charte pour la paix et la réconciliation nationale accuse un dysfonctionnement dans l'application de ses textes». Farouk Ksentini lance, de ce fait, un appel pour leur prise en charge réelle. Il prévient au passage, que «si cette situation perdure, ils risquent de reprendre le maquis un jour ou l'autre».