Malgré la défaite, les Manciniens restent maîtres de leur destin. Chelsea, en battant logiquement Manchester United samedi à Stamford Bridge (2-1), est revenu à hauteur de son adversaire à deux journées de la fin du Championnat d'Angleterre, apparaissant comme un postulant pour un titre qui a longtemps semblé chimérique. Avec leur meilleure différence de buts, les Red Devils restent maîtres de leur destin, mais ils n'ont plus le droit au moindre faux pas face à West Ham et Wigan pendant que Chelsea affrontera Newcastle et Bolton. L'armée des supporters Blues, curieux mélange du traditionnel «populo» du sud londonien et du «Yuppie» de la City, avait fait une marche vers Stamford Bridge unie par une conviction: rien de grave ne pouvait advenir dans un stade où ils n'ont plus perdu depuis 80 matchs de Championnat. Surtout si Alex Ferguson laissait sur le banc, dans la perspective de la demi-finale retour de Ligue des Champions contre Barcelone, le Portugais Cristiano Ronaldo. La première période leur donnait raison avec un Manchester assiégé et à bout de souffle. Son défenseur central Vidic retournait promptement au vestiaire, mis KO par l'engagement physique de Drogba (9). La domination outrancière des Londoniens aurait dû être vite récompensée quand Joe Cole, après avoir perdu le ballon aux 16 m, profitait du dégagement cafouillé de Ferdinand. Le poteau en décidait autrement (21). Il aurait été injuste que le siège étouffant des buts de Van der Sar n'aboutisse à rien. Ballack, d'une tête puissante sur un merveilleux centre de Drogba, y remédiait (45+1). Certes, Manchester était remis en selle par une erreur aussi terrible qu'inhabituelle de Carvalho, dont la passe en retrait était interceptée par Rooney, lequel, d'un tir croisé gagnant, faisait payer à Stamford Bridge de l'avoir interpellé au cri de «Shrek». Chelsea a d'abord semblé marquer le coup, comme en témoignait une violente altercation entre Drogba et Ballack. Van der Sar semblait devoir être décisif sur un tir de Carvalho (71) et un coup franc de Drogba (73). Mais il s'inclinait quand l'arbitre assistant signalait, au grand dam de Ferguson une main de Carrick dans la surface. Ballack ne laissait pas passer l'occasion (86). Dans une fin de match électrique, Joe Cole et Shevchenko sauvaient encore sur leur ligne des tentatives de Ronaldo (90) et Carrick (90+2). Le titre n'est pas perdu pour Manchester United. Mais la route qui y mène ne sera pas un chemin parsemé de roses.