La prévention ne doit pas se limiter à des mesures astreignantes, elle doit être accompagnée de formation. Trois personnes ont trouvé la mort et 14 autres ont été blessées dans un accident de la circulation survenu, hier à Mila, au niveau du carrefour de Sidi Khelifa sur la RN79, selon la Protection civile. Un semi-remorque, dont les freins ont lâché alors qu'il descendait une pente abrupte, est à l'origine de cet accident; le véhicule lourd heurte dans sa course un autre camion, 5 véhicules légers et un minibus. Les blessés ont été évacués vers l'hôpital de Mila où ils reçoivent les soins nécessaires, ont ajouté les services de la Protection civile, révélant que «quatre sont gravement atteints». Le terrorisme routier tue toujours. En Algérie, le carnage a atteint le seuil de 11 morts par jour. Plus de 977 morts au cours du premier trimestre 2008, soit 13,47% de plus par rapport à la même période de l'année dernière. Le constat est amer. L'entrée en vigueur des nouvelles dispositions du Code de la route depuis le 1er mars 2005 n'a eu, apparemment, aucun effet. Le massacre continue. A ce propos, M.Boutalbi, directeur du Centre national de prévention et sécurité routière (Cnpsr), regrette que «le procédé de retrait du permis de conduire ne soit pas vraiment appliqué à la lettre», lors d'une conférence de presse tenue, hier, à la Maison de la presse Tahar-Djaout. En présence de l'ensemble des acteurs concernés par la sécurité routière, M.Boutalbi a ajouté que «la rigidité des lois ne peut remplacer la conscience et la culture de la circulation». Cette rencontre a été l'occasion pour le Cnpsr de donner le coup d'envoi de la campagne de sensibilisation intitulée «Votre sécurité...Notre objectif». Cette campagne durera jusqu'au 29 mai en cours. M.Boutalbi s'est longuement étalé sur l'importance de ces journées qui vont être animées dans 48 willayas du pays. Selon les statistiques avancées, 90% des accidents sont dus au facteur humain. L'homme, conducteur ou piéton, en est le principal responsable. Le non-respect des notions de base de circulation, conduit fatalement à des accidents meurtriers. Sur l'ensemble du territoire national, le nombre a atteint, en 2007, 39.010 accidents de la circulation occasionnant 4177 décès dont 777 piétons, et plus de 61.000 blessés. De leur côté, les experts de la sécurité routière, en épluchant le bilan annuel des accidents de la circulation, ont estimé qu'en dépit de l'application des mesures accablantes introduites par le nouveau Code de la route, le nombre d'accidents n'a pas régressé. Même si le facteur humain demeure, selon leurs propos, la cause essentielle, il n'en demeure pas moins que d'autres facteurs méritent d'être relevés, en particulier le mauvais état des routes, le manque d'éclairage et de signalisation, les pièces de rechange dites «Taiwan». Le directeur du Cnpsr attribue cette augmentation à plusieurs facteurs, dont le déséquilibre entre le nombre croissant de véhicules du parc roulant ayant atteint près de 5 millions de véhicules et le manque d'infrastructures routières. «La prévention ne doit pas se limiter uniquement aux mesures astreignantes, elle doit être accompagnée de formation pour les conducteurs», a-t-il souligné. Dans ce sens, le colonel Achour, de la cellule de communication de la Protection civile, a plaidé pour le changement des mentalités. Pour lui, il s'agit d'«éduquer» les conducteurs automobiles. Et pour lutter contre ce phénomène, qui cause des pertes financières estimées à 100 milliards de dinars, selon une enquête réalisée par l'université de Mostaganem, annuellement, il est recommandé la réhabilitation des transports en commun et le contrôle permanent des programmes et méthodes de formation des nouveaux conducteurs. Pour rappel, le Centre national de préservation et de sécurité routières (Cnpsr) a été créé le 20 avril 1998. Sa mission est de coordonner les efforts de différents départements ministériels, des services de sécurité et des associations concernées afin d'atténuer l'ampleur de ce fléau. En plus de son travail de réflexion, d'analyse et de définition d'un plan national de prévention routière, le centre est appelé à faire le suivi sur le terrain.