UnE tâche très compliquée attend les différents sélectionneurs concernés. A trois semaines du coup d'envoi de l'Euro-2008 (7-29 juin), les sélectionneurs des 16 équipes qualifiées lèvent, peu à peu, le voile sur l'identité des joueurs convoqués, certains préservant encore le suspense avec des listes élargies. L'incertitude risque encore de durer plusieurs jours, sans doute jusqu'au 28 mai, la date choisie par l'UEFA pour la divulgation des noms des 23 heureux élus de chaque pays. Soucieux de mobiliser le plus grand nombre de joueurs, de parer à toute éventualité, surtout les blessures de dernière minute, la plupart des techniciens ont décidé d'attendre le dernier moment avant de livrer leur verdict. Parmi les dix pays ayant déjà procédé à une sélection (Allemagne, Croatie, Portugal, République tchèque, Autriche, Suisse, Pologne, Russie, Turquie, Pays-Bas), seuls la Croatie, le Portugal et la République tchèque ont respecté à la lettre le quota officiel de joueurs. Mais même Karel Brückner a pris un maximum de précautions. «Des changements ne sont pas à exclure et je pense même qu'ils auront lieu», a affirmé, mercredi, le sélectionneur tchèque qui devra se passer des deux vedettes locales, Tomas Rosicky, blessé, et Pavel Nedved, qui a confirmé sa retraite internationale. Luiz Felipe Scolari a, lui, battu le rappel de tous ses cadres (Ricardo Carvalho, Petit, Deco, Simao, Ronaldo) tout en se passant des services de Maniche, pourtant un vieil habitué des dernières campagnes portugaises (finale de l'Euro-2004, demi-finales du Mondial-2006). Rien n'est joué, en revanche, dans les autres équipes. Le sélectionneur allemand, Joachim Löw, a dû modifier ses plans initiaux et a publié une liste de 26 joueurs en raison, notamment de l'incertitude qui pèse sur la présence à l'Euro de son défenseur Christoph Metzelder, tout juste rétabli de sa blessure au pied gauche. «Nous voulons faire jouer la concurrence et utiliser toutes les possibilités qui s'offrent à nous pour qu'on puisse se présenter dans les meilleures conditions à l'Euro», a-t-il expliqué, vendredi. La France doit attendre, aujourd'hui, pour connaître l'identité des joueurs retenus. Mais Raymond Domenech a déjà prévenu qu'il publierait une liste de 29 noms avec six joueurs à éliminer. Un procédé qui avait bien réussi à Aimé Jacquet avant le Mondial-98 malgré un feu nourri de critiques. Ce sont avant tout les contraintes du calendrier international qui ont poussé le patron des Bleus à marcher sur les pas de son illustre prédécesseur. Avec quatre joueurs concernés par la finale de la Ligue des champions, Chelsea-Manchester United, le 21 mai à Moscou, et une bonne dizaine par les finales des Coupes de France (Paris SG-Lyon) et d'Italie (Inter Milan-AS Rome), le 24 mai, Domenech n'avait pas vraiment le choix. Il devrait être imité, samedi, par son grand rival du groupe C, l'Italie. Selon les médias tran-salpins, Roberto Donadoni devrait agir exactement comme Marcello Lippi juste avant le Mondial-2006 avec une liste des 23, agrémentée de quatre ou cinq réservistes. La grande question sera de savoir si les champions du monde bénéficieront du retour au premier plan d'Alessandro Del Piero, revenu à 33 ans à son meilleur niveau et en tête du classement des meilleurs buteurs de la Série A (à égalité avec Borriello et Trezeguet). Les Pays-Bas, autres favoris de ce «groupe de la mort», ont décidé de procéder par étapes, comme en 2006. Marco Van Basten a d'abord présélectionné 30 joueurs, ramenés à 26, vendredi. Seule certitude: Clarence Seedorf, pourtant rappelé par Marco Van Basten, a décliné une sélection «oranje» emmenée par Van Nistelrooy et qui fait, sans surprise, la part belle à la jeunesse (Van Persie, Van der Vaart, Sneijder, Robben, Kuyt, Huntelaar, Babel). En Espagne, le cas de Raul est réglé avant même la publication de la liste, samedi, et le joueur ne se fait guère d'illusions.