En 1998, l'Etat algérien a porté les dépenses nationales consacrées à la recherche scientifique de 0,2% à 1% du PIB. Les Assises nationales sur l'enseignement supérieur et la recherche scientifique ont été ouvertes hier au Palais des Nations, à Alger. Organisée par le ministère de tutelle, cette rencontre sera l'occasion idoine pour les principaux concernés de ce secteur de revoir, de très près, la situation de la recherche scientifique en Algérie. Un secteur, souvent mis aux oubliettes, faute d'une politique, voire d'une stratégie efficace et pérenne, visant à le redresser. Les chercheurs eux-mêmes n'ont de cesse de le crier: le gouvernement algérien n'a jamais mis en place une stratégie fiable et durable pour faire sortir le secteur de la recherche scientifique de son carcan. Il faut rappeler, en ce sens, que la première loi définissant la recherche scientifique et le développement technologique comme des priorités nationales, a été promulguée le 22 août 1998. Cette loi leur fixe, comme finalité, le développement économique, social, culturel, scientifique et technologique de l'Algérie. Pour la réalisation des objectifs tracés par cette loi, l'Etat algérien a porté les dépenses nationales consacrées à la recherche scientifique de 0,2% à 1% du PIB (Produit intérieur brut). Même si ce niveau reste en deçà des normes fixées par les pays développés, il n'en demeure pas moins que cette loi traduit, un tant soit peu, la volonté de l'Algérie de s'engager dans l'effort de développement de la recherche scientifique et technologique. Toutefois, pour importante qu'elle soit, cette loi ne règle pas pour autant le problème de la recherche scientifique en Algérie. La problématique qui se pose, non sans acuité, aujourd'hui en Algérie, est celle de la continuité. Si tel ministre arrive avec une stratégie, et qu'il fait des mains et des pieds pour la concrétiser, ses efforts peuvent s'avérer vains une fois que son portefeuille ministériel est confié à une autre personne. En outre, l'Etat algérien n'a jamais assis une stratégie à long terme, dont les fruits ne seraient cueillis que dans des délais allant parfois jusqu'à vingt ans, voire plus. En Algérie, ce ne sont pas les discours politiques qui manquent, mais l'application des décisions prises. C'est, en effet, l'une des raisons pour lesquelles les chercheurs algériens partent vers d'autres pays. Combien sont-ils ces Algériens qui évoluent dans les universités les plus huppées, dans les laboratoires de renommée mondiale, d'où ils n'ont de cesse d'épater le monde avec leurs découvertes. Pensez à Kamel Senhadji et ses brillantes recherches sur les voies de contamination par le virus du sida. Pensez à Elias Zerhouni, directeur du National Institutes of health (les instituts nationaux de la santé), aux USA. Pensez également à Mohamed Banat, cet éminent professeur qui poursuit ses recherches à Tokyo, au Japon. On s'arrête là, car la liste est très longue alors que, jusqu'à présent, l'Algérie ne détient aucun fichier les concernant! Il convient de rappeler, en ce sens, que le Centre de recherche sur l'information scientifique et technique (Cerist) avait déjà consacré un site Internet en vue d'élaborer un fichier de tous les chercheurs algériens qui sont à l'étranger. Peine perdue, puisque dans ce site l'on a inscrit des noms qui n'ont rien à voir avec la recherche scientifique. Au début des années 1990, l'on a recensé près de 4000 chercheurs algériens qui activaient dans le domaine de la pétrochimie aux USA. Plus de 1000 médecins algériens travaillent en France. Qu'a-t-on encore à ajouter après tout cela? Il est temps que l'Algérie fasse appelle à sa matière grise. Mais cela ne peut se faire sans une réelle volonté politique conjuguée à la concrétisation, sur le terrain, de toutes les promesses faites, ou celles qui le seront.