Ce procès aura laissé indifférente l'opinion, tant nationale qu'internationale. Le parquet près le tribunal criminel d'Alger a requis, hier, une peine de 20 ans de prison par contumace, contre Habib Souaïdia, l'ancien sous-lieutenant radié de l'ANP. Le prévenu, tel que précisé dans les chefs d'inculpation, est poursuivi par le parquet d'Alger sur une autosaisine, pour «participation à une entreprise d'affaiblissement du moral de l'ANP et atteinte à la sûreté de l'Etat». Le procès se déroule en l'absence de l'accusé et le verdict est attendu pour aujourd'hui. Il est reproché à l'accusé, entre autres, d'avoir déclaré via le réseau Internet être «prêt à revenir au pays pour prendre les armes» contre les hauts responsables de l'institution militaire. Ce véritable appel au crime vient s'adjoindre à son livre, paru en France, intitulé La sale guerre et qui avait soulevé à cette époque une vive polémique à propos de l'auteur véritable de l'ouvrage, et de la manipulation qui en avait été faite par la maison éditrice. Ce livre accuse les forces de sécurité, plus précisément les officiers et les hommes de troupe de l'ANP, d'être derrière les massacres commis en Algérie. Ils sont aussi accusés de tortures, de liquidations extrajudiciaires et de crimes de guerre. Ces accusations, comme il a pu être prouvé par la suite, ne reposent sur aucun fondement logique, ni sur aucun fait vérifiable hormis les on-dit et les témoignages plus ou moins anonymes. La France, friande de ce genre de livres, ne lui a pas moins réservé un accueil relativement enthousiaste. Un accueil qui a même été accentué à la suite de la vive polémique relative à l'auteur véritable du livre. Le général à la retraite Khaled Nezzar, qui s'est estimé diffamé, a même déposé une plainte en France contre l'auteur (présumé). Reporté une première fois sur demande de la partie plaignante, il devrait vraisemblablement avoir lieu au mois de juillet prochain en présence d'un nombre fort important de témoins. Pour revenir au procès, qui se tient en ce moment à Alger, une source judiciaire citée par l'APS a précisé que l'inculpé «a la possibilité légale, une fois de retour au pays, de s'opposer au jugement et de bénéficier d'un autre procès». Souaïdia vit en France depuis de nombreuses années. Il y bénéficie de l'asile territorial. Son livre a fait suite à celui de Yous Nasroullah, accusant, lui, les services de sécurité d'être derrière le massacre de Bentalha. Un troisième livre, abondant en gros dans le même sens, est l'oeuvre d'un ancien des services secrets reconverti dans le journalisme et réfugié en France.