Une rencontre qui s'annonce palpitante et très intéressante à suivre. L'Italie aborde son quart de finale de l'Euro-2008 contre l'Espagne, ce soir à Vienne, requinquée par une confiance nouvelle, persuadée d'avoir fait le plus dur en échappant par deux fois à une élimination infamante au premier tour. La tête des champions du monde en titre aurait pu déjà rouler deux fois sur le billot. Mais deux penalties ont sauvé les Azzurri: celui détourné magistralement par Buffon à la fin du match contre la Roumanie (1-1) et celui réussi par Pirlo contre la France (2-0), après l'exclusion d'Abidal pour une faute sur Toni dans la surface. L'histoire plaide en faveur des Italiens quand ils défroissent leurs affaires jetées dans des valises déjà bouclées en vue d'un départ précipité. L'Italie avait aussi frôlé l'élimination lors de premiers tours, notamment lors des Mondiaux-1994 (1 défaite, 1 victoire et 1 nul) et 1982 (3 nuls). Cela ne l'avait ensuite nullement empêchée de disputer deux finales, pour un triomphe en 1982 et une défaite aux tirs au but en 1994. Roberto Donadoni le sait, lui qui était milieu offensif de la Nazionale lors de l'épopée de 1994. Mais il n'en rajoute pas, savourant juste intérieurement d'être en quarts de finale, alors que la presse italienne avait déjà nommé Marcello Lippi à sa place après la déroute inaugurale contre les Pays-Bas (3-0). Le groupe italien est à nouveau uni, mais il manquera quand même deux pièces: Pirlo et Gattuso, suspendus. Et alors? L'Italie a déjà surmonté une belle épreuve, avec un Cannavaro blessé juste avant le tournoi, et qui est resté avec ses camarades en dépit de son forfait. Les Espagnols séduisent depuis le début de l'Euro avec Torres et Villa et entendent se venger du quart de finale du Mondial-1994 perdu contre les Italiens? Peu importe. Ils ont pris la triste habitude de s'écrouler dans les matches à élimination directe. Au Mondial-2006, arrogants, ils avaient rêvé à haute voix de mettre Zidane à la retraite en 8es de finale: les Bleus s'étaient imposés (3-1). Cette fois encore, les Espagnols bombent un peu trop le torse. Comme Luis Aragones, qui s'amuse devant la presse. «J'admets que Pirlo est un grand joueur», reconnaît le sélectionneur ibérique avant de tacler: «Mais dire que Gattuso en est un aussi, je ne suis pas d'accord. L'Italie a plusieurs Gattuso, mais un seul Pirlo. Si Gattuso est un grand joueur, alors je suis curé». Rien que pour ça, les Italiens souhaiteront que la messe soit dite pour les Espagnols ce soir.