En attendant que les conditions météo soient favorables, ils enfouissent leur «cercueil» dans le sable, sur une plage peu fréquentée. 19 immigrants clandestins qui tentaient de rejoindre la rive Nord de la Méditerranée à bord d'une embarcation artisanale ont été interceptés hier aux environs de 6h30 minutes, à 11 miles du littoral nord de Annaba, a-t-on appris du commandement du groupement territorial des gardes-côtes. L'arrestation des immigrants clandestins a été rendue possible grâce aux renseignements fournis par un bateau de pêche algérien faisant état d'une embarcation artisanale en panne et à bord de laquelle se trouvaient des «passagers» immigrants, a-t-on indiqué de même source. Ces immigrants clandestins qui ont été acheminés au siège du commandement du groupement territorial des gardes-côtes pour y subir les contrôles médicaux d'usage, seront présentés ce jour devant la justice, a-t-on ajouté. La semaine dernière, les gardes-côtes algériens avaient intercepté, au large des côtes oranaises, deux embarcations. A bord de ces barques de fortune, vingt-quatre «harraga» s'apprêtaient à rejoindre les côtes espagnoles. Depuis janvier dernier, plus de 220 «harraga» en partance vers l'Espagne ont été interceptés par les gardes-côtes algériens au large des côtes de différentes régions de l'Ouest algérien, selon des chiffres officiels. Pour l'année 2007, au moins 395 immigrants clandestins ont été secourus au large de Annaba, selon un décompte des gardes-côtes de la métropole de l'Est. Plus de 1500 candidats à l'émigration clandestine avaient été arrêtés en 2007 en Algérie, contre 1016 en 2006, selon les forces navales algériennes. Un récent rapport de la Marine algérienne indique que le nombre de personnes qui ont trouvé la mort lors de la traversée de la Méditerranée et dont les corps ont été repêchés, a augmenté ces deux dernières années, passant de 29 en 2005 à 73 en 2006 et 83 en 2007. En analysant ces chiffres, on peut dire que le phénomène de l'immigration clandestine de l'Algérie vers l'Europe a enregistré un net accroissement. Il a pris même des proportions tragiques et alarmantes. Leurs histoires se ressemblent toutes. Ils sont six, dix, parfois quinze, entre 18 et 30 ans, souvent habitant le même quartier, à mettre leur projet en marche. Un passeur leur fait miroiter un emploi en Espagne ou en Italie. Allez, on y va! Les candidats à l'exil, font des cotisations pour acheter une barque de 5 à 6 mètres, un moteur, des gilets de sauvetage, un GPS (Global Positioning System) et des bidons d'essence. En attendant que les conditions météo soient favorables, ils enfouissent leur «cercueil» dans le sable, sur une plage peu fréquentée. Le moment venu, ils partent, sans même dire au revoir à leurs familles, sans doute pour ne pas les plonger dans l'angoisse. Hélas, la génération nommée communément harraga, tente de fuir le pays estimant que son «horizon» reste bouché, et tente ainsi l'aventure vers la rive nord de la Méditerranée. Elle n'est pas schizophrène, elle est consciente de ce qu'elle entreprend. Son action est un message qu'elle veut transmettre, et clamer haut et fort, au péril de la vie: «y en a marre de cette vie!»