Rencontrés en marge des festivités à l'hôtel Lalla Khadidja, le chef du groupe de la zorna de Sidi Djaber, Ben Keraâ et son ami Brahim Mansouri nous ont raconté l'histoire de leur art et ont parlé des traditions du Oued M'zab. L'Expression: Racontez-nous l'histoire de cet art folklorique. Ben Keraâ: La zorna oualbaroud de Sidi Djaber existe depuis toujours dans la région de Guerara. C'est un art ancestral. Chaque ksar ou arch avait sa troupe bien spécifique. Brahim: C'est une tradition que nous appelons Tazefant, c'est-à-dire la concurrence entre les groupes. Les archs, lorsqu'ils se rencontraient pendant les fêtes, chacun voulait prouver sa supériorité. Ben Keraâ: Notre troupe a été officiellement agréée en 1975. Nous sommes de la localité de Sidi Ouarda des archs d'El Hamria. Nous nous sommes constitués en groupe pour assurer la continuité de cette pratique ancestrale, Notre rencontre avec mon ami Brahim, s'est fait fortuitement dans la ville d'Alger. Nous avons décidé d'acheter des instruments pour jouer. L'Expression: A quelles occasions votre troupe joue-t-elle? Ben Keraâ: Comme toutes les régions d'Algérie, nous avons pratiquement les mêmes occasions. Noue jouons durant les fêtes religieuses, les fêtes de mariage et de circoncision. Nous jouons également et cela se pratique aussi en Kabylie, durant les touizas. Notre musique encourage les gens à travailler pour construire des conduites d'eau, des travaux de la terre et tous les travaux collectifs dans les localités. L'Expression: Tazefant est un style spécifique au M'zab, quels sont les instruments que vous utilisez? Brahim: Nous utilisons le kadous que vous appelez ici la derbouka, La taria qui est aussi un instrument de percussion, le tbel pour tenir le rythme et tazemmart que vous, vous appelez ghayta. Seulement, la tazefant ne fonctionne pas sans la fazaâ, c'est-à-dire le baroud. Ben Keraâ: Cet art est ancestral. Il tient son origine et ses instruments des traditions qui réunissaient les sept ksour du Oued M'zab. La fazaâ est le baroud qui signifie le courage et la témérité de la population. Des chioukhs très connus dans la région nous ont transmis leur savoir. Parmi ceux-là, je peux vous citer Baba Chabane El Toumi, Youcef Rezzag, Ouled Hammadi Messaoud, Ramdane Boussoufa d'El Attef, Salah Kara ainsi que le grand Athmane Bahmed.