L'entraîneur du club bavarois prône le travail dans la rigueur. De retour de vacances cette semaine, Luca Toni, Miroslav Klose et les autres internationaux du Bayern Munich qui ont participé à l'Euro-2008 ont découvert un club transformé en seulement deux semaines par Jürgen Klinsmann. Comme il l'avait fait avec l'équipe d'Allemagne de 2004 à 2006, Klinsmann veut dépoussiérer le club le plus titré du football allemand avec «une approche nouvelle, pas seulement pour la Bundesliga, mais dans tout le monde du football», assure, non sans fierté, son président, Karl-Heinz Rummenigge. Huit heures par jour, tu t'entraîneras. Réaménagé à grands frais (3,7 millions d'euros), le centre d'entraînement (pardon, centre de performance) de la Sabener Strasse est devenu pour les vedettes du Bayern un lieu de vie à part entière, alors qu'ils n'y restaient sous Ottmar Hitzfeld que quelques heures chaque matin. Avec son pléthorique encadrement (douze personnes, dont un adjoint mexicain, trois préparateurs physiques américains, un psychologue), «Klinsi» leur concocte quotidiennement un programme intense et très personnalisé, son grand credo. La journée débute à 9h30 avec une séance de musculation, puis 75 minutes d'entraînement, avant le repas préparé dans les cuisines d'un chef étoilé, Alfons Schuhbeck, auquel prennent parfois part les dirigeants, Rummenigge en tête. Viennent ensuite 45 minutes consacrées à la presse pour deux à trois joueurs, tandis que les autres se détendent dans l'espace «loisirs» qui comprend une salle de cinéma et une bibliothèque, ou sur la terrasse décorée avec des statues de Bouddha. Ils peuvent aussi, pour les nombreux joueurs étrangers, prendre des cours d'allemand, ou faire du yoga. L'entraînement reprend avec des séances de préparation physique personnalisées, avant une seconde séance sur les terrains et se conclut après des soins à 17h30. Progresser, tu devras. «Mon but avec mon staff est que chaque joueur progresse chaque jour, que ce soit sur le terrain ou en dehors», a expliqué Klinsmann lors de sa première conférence de presse. A leur retour de vacances, les joueurs ont passé des tests physiques et se sont vus assigner des objectifs et une montre pour contrôler leur pulsation cardiaque: tel joueur doit accroître sa détente, tel autre son endurance. Klinsmann qui, une fois sa carrière de joueur terminé, a étudié le management du sport aux Etats-Unis et a appris l'espagnol, attend de ses joueurs qu'ils fassent preuve de curiosité intellectuelle. Qu'ils progressent dans la maîtrise de l'allemand, par exemple pour Ribéry, qui, opéré à la cheville gauche, reprendra en septembre; qu'ils échangent entre eux et avec le psychologue du sport engagé pour «muscler les têtes», le tout dans une ambiance conviviale. Ton temps, tu ne le gaspilleras point. Rien ne doit perturber la concentration des joueurs lorsqu'ils sont à l'entraînement: l'utilisation des téléphones portables est interdite. Pour qu'ils puissent «mobiliser toute leur énergie», Klinsmann a supprimé les mises au vert la veille des matchs à domicile pour leur permettre de passer le plus de temps en famille. «Le soir à l'hôtel, tu ne sais jamais trop quoi faire, ce n'est pas un environnement très motivant», a justifié Klinsmann qui, joueur, n'a jamais goûté ces huis clos forcés. Ton adversaire, tu presseras. Klinsmann ne parle pas de style de jeu, mais de philosophie: «Nous devons être dominateur et agir, car 80% des équipes en Bundesliga joueront contre nous en étant repliées en défense». Comme lorsqu'il était sélectionneur de la Nationalmannschaft, «Klinsi» prône un football offensif avec un 4-4-2 qu'il entend aligner en championnat comme en Ligue des champions.