Ni le discours politique ni les sanctions pénales imposées par le gouvernement, n'ont réussi à freiner ce phénomène. Le déferlement des harragas continue sur nos côtes. Pas moins de 91 harragas algériens ont été interceptés au large des côtes espagnoles cette semaine. C'est ce qu'a indiqué le quotidien espagnol El-Pais dans son édition de jeudi. C'est terrible! Les jeunes sont de plus en plus tentés par l'aventure des embarcations de fortune. Mercredi dernier, 15 jeunes ont été repêchés par les gardes- côtes de Annaba. 24 heures avant, 41 personnes ont été interceptées à 6 heures du matin au cap de Garde par les éléments des gardes-côtes de la wilaya de Annaba à environ 15.000 milles. C'est lors d'une opération de contrôle de routine sur la façade maritime à l'extrême nord du littoral de Annaba, que les gardes-côtes ont surpris deux embarcations de fortune, chargées respectivement de 17 et 24 individus, âgés entre 17 et 34 ans. Les personnes interceptées originaires de Skikda, Alger et Annaba, et un Malien, s'apprêtaient à gagner la rive Sud de l'Europe. Le bilan s'alourdit. Durant le mois de juin dernier, plusieurs tentatives ont été signalées. Rien que la dernière semaine de juin, 47 harragas ont été arrêtés dans trois opérations effectuées par les gardes-côtes de Annaba. Comment expliquer cette hémorragie? Le beau temps serait apparemment à l'origine. Effectivement, la période de l'été est le moment ou jamais pour prendre la fuite vers l'inconnu. Ni le discours politique ni les dernières sanctions pénales imposées par le gouvernement n'ont réussi à freiner ce phénomène. Gagnés par le désespoir et la mal-vie, les jeunes ne rêvent que d'être sous d'autres cieux. El-harba, «sauve qui peut» est le slogan adapté par la quasi-totalité des jeunes. En 2007, plus de 1500 candidats à l'immigration clandestine avaient été arrêtés en Algérie contre 1016 en 2006. Avec les tentatives multipliées, le bilan des harragas sera certainement appelé à la hausse cette année. Ce phénomène, faut-il le souligner, a sérieusement ébranlé le gouvernement. Lors d'une réunion avec les walis, tenue en octobre dernier, le chef de l'Etat a interpellé le gouvernement et les collectivités locales pour prendre les mesures nécessaires destinées à mettre les jeunes à l'abri de leur utilisation à des fins criminelles et à les dissuader de la recherche désespérée des visas pour l'étranger. «La problématique posée est comment redonner confiance aux jeunes en leurs propres capacités et dans les institutions de leur pays où la catégorie de moins de 30 ans constitue près de 70% de la population», avait déclaré le président de la République. Afin de redonner espoir aux jeunes, le président de la République a instruit ses responsables de solutionner dans l'urgence cette problématique des harragas et pour ce faire, il leur a conseillé d'élaborer une nouvelle politique d'intégration et d'insertion des jeunes, en matière d'emploi, dans les grands projets mis en oeuvre. Or, neuf mois sont passés et le constat demeure alarmant. La fameuse politique de l'emploi n'arrive toujours pas à sortir du cadre théorique. C'est probablement la raison pour laquelle ils sont des milliers à emprunter la barque à la recherche d'une vie décente ailleurs.