Cette situation met à nu l'inefficience des politiques prônées par le gouvernement. Alerte! Le drame des harraga continue. Des convois de jeunes à destination de l'Europe sont interceptés chaque jour sur nos côtes. Quotidien-nement, un bilan des arrestations est communiqué par les gardes-côtes. Pour la seule nuit du dimanche, 104 candidats à l'émigration clandestine ont été arrêtés à Annaba, selon le chef de la station principale des gardes- côtes. Ce qui porte le nombre de harraga arrêtés à 191 personnes en moins de quinze jours. Entre vendredi et dimanche derniers, 173 personnes ont été interceptées à bord d'embarcations de fortune. Alors que la saison estivale vient à peine de commencer, nos côtes pullulent déjà d'embarcations de fortune qui transportent des dizaines de jeunes harrags dont des filles et des enfants. Samedi dernier, trente-neuf candidats au départ dont deux mineurs, ont été arrêtés au large des côtes de Annaba et d'El Tarf, selon les éléments des garde-côtes. La veille, à savoir vendredi, 30 candidats à l'émigration clandestine, dont 2 femmes, ont été également interceptés dans la matinée, à 18 miles nautiques au sud-est, au large d'Oran. Le 4 juin dernier, un groupe de 18 jeunes harraga, âgés de 17 à 29 ans, a été également intercepté à bord d'une embarcation artisanale par une patrouille de surveillance des gardes-côtes, au large de Ras El Hamra, vers 23 heures, au lieu-dit Caroubier. C'était pour la plupart des jeunes âgés entre 25 et 40 ans qui bravaient les dangers de la mer avec le désir de retrouver les lieux rêvés, mais perdus. C'est terrible et même scandaleux que la jeunesse algérienne tourne le dos à son pays et brave les dents de la mer. Y a-t-il le feu en la demeure? Pourquoi cette jeunesse fuit-elle ses proches? Le désespoir, le chômage, la mal-vie, la hogra et l'absence d'une assistance sociale, sont autant de facteurs socio-économiques qui poussent cette jeunesse à s'exiler. Epuisés et même découragés par les promesses éphémères, ils ne rêvent que d'une chose: vivre tranquillement ou s'éteindre définitivement. Qu'importe le prix et le danger. En effet, cette nouvelle vague met à nu les politiques prônées par le gouvernement. Comme elle témoigne de l'échec de toutes les réflexions engagées dans la fameuse stratégie nationale de la jeunesse visant à solutionner ses problèmes. Comment stopper cette hémorragie? Le gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Des mesures sont annoncées pour encourager la création d'emplois par différentes formules. Les déclarations rassurantes quant à la prise en charge des jeunes se succèdent. Pourtant la saignée continue. Le gouvernement n'a pas réussi à éliminer ce virus qui gangrène la plus importante catégorie sociale qui représente 70% de la population. Sur ce sujet, M.Ouyahia a rappelé aux jeunes, lors de son passage au Parlement, tout l'intérêt que leur accorde l'Etat à travers les différentes formules que sont les microcrédits, la création d'un million de postes d'emploi durant les derniers quinquennats, l'augmentation de la bourse pour les étudiants. En contrepartie, «l'Algérie attend beaucoup de cette jeunesse». «Ce n'est pas en choisissant la harga que vous allez régler votre problème. Ce n'est pas aussi en optant pour les émeutes et la violence que l'Etat va fléchir. La violence sera sanctionnée», a précisé M.Ouyahia. Or, la jeunesse ne croit plus à ces discours et préfère prendre son sort en main. A ce rythme, le nombre de harraga va tripler durant cet été. Selon les derniers chiffres officiels, notre pays a enregistré plus de 3600 cas de hargas. De janvier à octobre 2008, les forces navales algériennes ont intercepté, dans le cadre de la lutte contre l'émigration clandestine, 1533 émigrants clandestins. Durant l'année 2007, 1530 harraga ont été interceptés, dont 1 485 Algériens. En 2006, pas moins de 1 016 personnes ont été interceptées ainsi que 335 harraga et 29 corps repêchés en 2005. Ces statistiques indiquent clairement que le phénomène enregistre une courbe ascendante, un potentiel humain que le gouvernement n'a pas su sauvegarder pour participer au développement du pays. Bien au contraire, le gouvernement a encore aggravé la situation en introduisant des sanctions à l'encontre de toute personne qui quitte le pays d'une manière illégale. Désormais, les harraga risquent deux à six mois de prison et une amende allant de 20.000 à 60.000DA.