En l'espace de dix jours, 110 candidats ont été repêchés sur les côtés algériennes. C'est la ruée vers les côtes. La tentation à l'aventure avec des embarcations de fortune s'accentue. Les candidats à l'émigration clandestine sont de plus en plus nombreux à se manifester cet été. Durant les dernières 72 heures, 92 harraga ont été interceptés au niveau des côtes algériennes. Dimanche dernier, vingt-trois candidats à l'émigration clandestine, dont un mineur, ont été interceptés au large de Annaba, ont annoncé les gardes-côtes algériens à l'agence APS. Ces harraga, âgés entre 16 et 33 ans, originaires de plusieurs villes d'Algérie, étaient à bord d'une embarcation artisanale. Ils ont été interceptés aux environs de 3h00 par des gardes-côtes de Annaba. Vingt-quatre heures avant, trente-neuf candidats à l'émigration clandestine en Europe, dont deux mineurs, ont été arrêtés au large des côtes de Annaba et d'El Tarf, selon les éléments des garde-côtes. Le premier groupe, composé de 19 jeunes âgés entre 20 et 34 ans, a été intercepté au large de Annaba. Ils ont été aperçus aux environs de 3h30 alors qu'ils tentaient de rejoindre la rive nord de la Méditerranée, à bord d'une embarcation artisanale, indiquent les mêmes sources. Le second groupe, qui comprend 20 clandestins dont deux mineurs âgés de 16 et 17 ans, a été arrêté au large d'El Kala dans le wilaya d'El Tarf, à l'extrême-est du pays, ajoute la même source. Ces harraga, arrêtés aux environs de 7h du matin, étaient à bord d'une embarcation de fortune se dirigeant vers les côtes italiennes. Vendredi dernier, 30 candidats à l'émigration clandestine, dont 2 femmes, ont été également interceptés dans la matinée, à 18 miles nautiques au sud-est au large d'Oran. Le 4 juin dernier, un groupe de 18 jeunes harraga, âgés de 17 à 29 ans, a été également intercepté dans la nuit à bord d'une embarcation artisanale par une patrouille de surveillance des gardes-côtes, au large de Ras El Hamra, vers 23 heures, au lieu-dit «Caroubier». Les 18 émigrants clandestins, dont 10 de Constantine, 4 de Annaba et 4 d'Alger, ont été présentés vendredi 5 juin devant le procureur de la République. En espace de dix jours, 110 candidats ont été interceptés en pleine aventure à la recherche de l'eldorado. Ces chiffres alarmants démontrent que le phénomène reprend de plus belle. Le beau temps et la mer calme invitent les candidats à une traversée sous n'importe quelle forme. Alors que la saison estivale vient juste de commencer, les harraga affluent, en force, sur les côtes. Ils sont pour la plupart des jeunes âgés entre 25 et 40 ans qui bravent le risque de la mer avec le désir de retrouver l'espoir perdu. Laminés par le chômage et l'absence de loisirs, ces jeunes ne croient plus au discours politique. Sur ce problème, le colonel Zeghida, chef du département de la police judiciaire du commandement de la Gendarmerie nationale, a indiqué que 53% des harraga ont moins de 26 ans et que plus de 80% sont sans profession. Les dernières arrestations illustrent une nouvelle fois l'échec de la politique de prise en charge des jeunes. Pour mettre fin à cette saignée, le gouvernement a entrepris plusieurs mesures. Les crédits bancaires, le taux d'intérêt, le service militaire sont entre autres, les opportunités accordées par le gouvernement aux jeunes pour leur assurer un emploi. En plus des mesures de soutien à l'emploi, le gouvernement a mis en place un dispositif judiciaire tentant d'endiguer cette fuite. Désormais, les harraga risquent deux à six mois de prison et une amende allant de 20.000 à 60.000DA. Entre les griffes de la prison et les dents de la mer, les harraga ont désormais une autre alternative. Le ministère de la Justice a proposé une loi portant insertion du travail d'intérêt général, non rémunéré, comme peine de substitution à celle de l'emprisonnement. Or, ni les promesses de travail et encore moins les menaces d'emprisonnement ne sont à même de dissuader cette jeunesse. Entre oisiveté et dents de la mer, le choix est fait pour ces jeunes en perte de repères. Les éléments des gardes-côtes auront du pain sur la planche durant cet été. Il y a lieu de rappeler que de janvier à octobre 2008, les Forces navales algériennes ont intercepté, dans le cadre de la lutte contre l'émigration clandestine, 1533 émigrants clandestins. Durant l'année 2007, 1530 harraga ont été interceptés, dont 1485 Algériens. En 2006, pas moins de 1016 personnes ont été arrêtées contre 335 harraga et 29 corps repêchés en 2005. Ces statistiques indiquent clairement que ce phénomène enregistre une courbe ascendante.