La menace d'emprisonner les harraga n'a pas dissuadé les candidats à l'émigration clandestine. Le phénomène de la harga semble repartir de plus belle à l'approche de la saison estivale. En effet, l'amélioration des conditions climatiques constitue une opportunité à ne pas rater pour les candidats à l'émigration clandestine. Pas plus tard que la semaine dernière, 11 personnes ont été portées disparues au large d'Almeria (sud) en Espagne, tandis que trois autres ont été secourues par les gardes-côtes espagnols. Si l'été, pour certains, constitue une saison de vacances, il n'en demeure pas moins que pour les autres, il représente une saison d'évasion vers d'autres rives. Aussi, si l'on tient compte du nombre des personnes interceptées au large de la Méditerranée, il y a de quoi vraiment s'inquiéter. Au total 7285 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés en 2009, contre 13.425 en 2008, selon le bilan établi par les services espagnols des gardes-côtes. Les Forces navales algériennes ont enregistré, au cours de l'année 2007, l'interception de 1530 harraga dont 1485 Algériens et repêché 83 corps sans vie. Au cours de l'année 2006, les Forces navales ont intercepté 1016 personnes et repêché 73 corps et en 2005, 335 harraga et 29 corps. Ces chiffres, avancés donnent froid dans le dos. Les raisons de cette évasion sont multiples, selon les spécialistes. Pour les hommes politiques, les raisons du phénomène de la harga sont dues aux restrictions imposées aux libertés individuelles. De leur côté, les sociologues expliquent que ce phénomène est dû à toutes les formes d'exclusion. Le chômage, l'instabilité sociale en sont les meilleurs exemples, selon ces sociologues, qui attestent encore que le chômage est à l'origine de toutes les perversions, comme la drogue, la violence et mènent vers la harga. Les psychologues expliquent pour leur part que le phénomène de l'émigration clandestine est dû à l'absence des lieux de distractions et de loisirs. Plusieurs villes du pays en sont dépourvues. A Alger, précisément, dans la commune de Kouba, pour ne citer que celle-là, une piscine pour des centaines de milliers d'habitants. Inconcevable! Les dispositifs de l'insertion sociale de la jeunesse, à savoir, l'indemnité de 6000 DA réservée aux jeunes sans revenus, en situation de précarité sociale et les programmes d'aide dans le cadre de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeune (Ansej), mises en place par les autorités du pays dans le but d'atténuer et de juguler un tant soit peu le phénomène de la harga se sont tous avérés vains. Devant la détermination des jeunes à rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, les autorités du pays ont fait voter une loi rendant passible de prison toute personne interceptée par les gardes-côtes. Mais, cette menace d'emprisonner les harraga n'a pas dissuadé les candidats à l'émigration clandestine. Des informations faisant état de l'interception des jeunes harraga sont données, presque chaque semaine, par les gardes-côtes. Pour rappel, le 15 novembre dernier, trois harraga sont morts noyés et dix autres portés disparus après le naufrage de leurs embarcations au large de Ténès, à l'ouest d'Alger.