Le ffs a connu un passage chaotique, avec des problèmes, soit fabriqués ou issus d'une incompréhension tant des responsables que de certains militants. Vingt ans après Octobre, l'Algérie se trouve pratiquement toujours à la croisée des chemins. Les jeunes d'Octobre avaient essayé de crier leur ras-le-bol, leurs camarades d'aujourd'hui, comme dépassés par les choses, ont choisi la harga. Dur cheminement et dure réalité. La nouvelle génération a comme perdu ses repères. Les forces politiques nées avec Octobre ou apparues au jour à la faveur d'Octobre ont-elles réellement accompli leur mission ou ont-elles eu le moyen de le faire? La réponse qui vient à l'esprit est certes la négation mais il faut peut-être préciser que les événements qui se sont succédé dans le pays n'ont pas laissé le temps ni donné les moyens aux partis pour essayer de construire ou de reconstruire le rêve. Le FFS est de ces partis. Drivé par un ancien du mouvement national, Hocine Aït- Ahmed, le FFS a voulu être le creuset de l'opposition. Après s'être coltiné avec le pouvoir de l'époque, les dirigeants du FFS ont été forcés à choisir l'exil, après le maquis et les prisons. Plus tard et bien plus tard, ce fut le Printemps berbère. Un Printemps ayant permis la jonction entre générations. Cependant, il avait fallu attendre Octobre pour voir enfin les balbutiements du pluralisme partisan. Il faut dire que ce mouvement, apparu au grand jour avec Octobre et dont les prémices furent le Printemps berbère, rejoignait, dans une sorte de frénésie, les chapelles partisanes et le FFS en était et des plus grandes. Au début et surtout avec le retour au pays de Hocine Aït Ahmed, après un long exil, tous les espoirs étaient permis. Qui ne se rappelle des grandioses marches organisées par Dda Lho dans les rues d'Alger et la dernière, la plus importante, est celle ayant rassemblé la plus grosse foule, juste avant l'arrêt du processus électoral? Depuis, bien de l'eau a coulé sous les ponts. Les événements se sont enchaînés. Le FFS s'est lui aussi pratiquement mis au vert. Ses cadres ont fui le pays. Le terrorisme avec ses dépassements et une logique voulant tirer le pays vers un Moyen Age rétrograde, sous-couvert de la religion a fait le reste. Le peuple observait de loin mais l'activité partisane était à la portion congrue. Le FFS a eu, lui aussi, sa part d'erreurs de jugement. En effet, au lieu d'accepter l'apparition de tendances au sein du parti et instaurer un véritable débat à l'intérieur de celui-ci, on a assisté à des retraits en série de militants, dont des responsables qui ne partageaient pas, par exemple, l'affaire du contrat national, appelé Contrat de Rome. Le plus médiatisé de ces responsables et ayant pris ses distances d'avec le parti est Saïd Khellil. En fait, le FFS a connu un passage chaotique, avec des problèmes, les uns, la plupart, fabriqués et les autres issus d'une sorte de mauvaise compréhension tant des responsables que de certains militants. Il faut ajouter également, et ce n'est pas à l'avantage du FFS, un certain déficit dans la communication. II reste que le FFS, et malgré l'adversité, est toujours ce mouvement respecté et même ses «frondeurs», finalement, défendent la même ligne politique. Aujourd'hui, le parti semble se diriger vers une sorte de «réconciliation» entre militants et l'avenir s'annonce des plus chargés pour ce parti. Appuyé sur la société civile et notamment sur les syndicats autonomes, le parti de Hocine Aït Ahmed a choisi de mettre le cap sur l'avenir et l'avenir, même s'il s'annonce difficile, est plein de promesses.