Il a fermé la porte aux spéculations, une bonne fois pour toutes. Il n' y a pas de doute. L'Algérie n'est pas touchée par la crise financière mondiale et ne le sera pas. Le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, était rassurant et même catégorique. «Le système économique et financier algérien est à l'abri, aujourd'hui, dans 5 ans et dans 10 ans, de la crise financière mondiale dans ses composantes actuelles, tant que notre système n'a pas évolué et tant que notre Bourse n'est pas bien intégrée au marché financier international», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier juste après le Conseil de gouvernement. Le patron de l'Exécutif a fermé la porte aux spéculations, une bonne fois pour toutes. «Quelle que soit l'étendue de la crise, l'Algérie ne sera pas affectée par les répercussions de la crise», a-t-il souligné. Même soulagé par cette situation, M.Ouyahia dit qu'il n'en tire pas une fierté. «Tant mieux que nous soyons à l'abri, mais je n'en tire pas une fierté», a-t-il affirmé d'un air très franc. Cartésien, M.Ouyahia a misé dans son analyse sur toutes les probabilités pour désavouer les lectures faites par les uns et les autres. «Si le baril de pétrole baisse à 60 dollars, les conséquences se feront ressentir en Algérie dans 5 ans ou 6 ans; si la crise est très dure et le prix du baril chute à 10 dollars, notre pays sera, malgré cela, à l'abri pour 2 à 3 ans», a-t-il assuré. Cette déclaration vient appuyer les propos avancés récemment par les différents membres du gouvernement concernant les répercussions de la crise financière mondiale sur l'économie algérienne. Comment et pourquoi? Le chef du gouvernement a indiqué tout simplement que les réserves de change permettent à l'économie algérienne d'assurer sa stabilité. M.Ouyahia a expliqué cela par le fait que l'économie algérienne est encore une économie «un peu en retard et son rapport avec l'économie mondiale se base essentiellement sur l'exportation des hydrocarbures». Autrement dit, même s'il y a des répercussions, elles ne seront pas palpables à court terme. Le chef du gouvernement a soulevé, dans ce sens, la question du placement des réserves de change algériennes aux Etats-Unis d'Amérique touchés par une grave crise financière. «Ces réserves, placées au niveau du Trésor américain, sont protégées et ne sont nullement perdues», a-t-il garanti. M.Ouyahia estimé que l'Algérie a bien fait de ne pas aller vers des fonds spéciaux. «Beaucoup d'experts ont contesté le placement des réserves au niveau du Trésor américain», a-t-il rappelé en soulignant que ces réserves placées à 3% ramèneront, comme l'année dernière, 4,5 milliards de dollars. «Lorsqu'on voit mal, beaucoup d'experts apparaissent», a fait remarquer le chef du gouvernement faisant allusion aux experts. Il y a lieu de rappeler, qu'au moment où la tension ne cesse de monter dans les pays développés, les responsables algériens multiplient leurs déclarations. Après Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, et Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a assuré, dimanche dernier, que l'Algérie est à l'abri des répercussions de la crise mondiale. «Nous ne sommes pas concernés par les conséquences de cette crise», a-t-il déclaré en marge de la plénière tenue à l'APN. Selon lui, le temps a donné raison au gouvernement de ne pas avoir procédé, avec précipitation, à la création de fonds souverains et initié la convertibilité du dinar. La gestion des réserves de change, le tarif de référence fixé à 22 dollars le baril, l'effacement de la dette extérieure, la création du Fonds national de régulation des recettes, sont autant d'actions qui ont permis de protéger l'économie nationale.