Quarante-huit heures après sa nomination, une nouvelle fois, à la tête du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia n'a pas manqué de dresser une évaluation de la situation socioéconomique du pays, marquée par la grave dépendance envers l'extérieur. M. Ouyahia saisira l'occasion pour afficher sa position par rapport à l'UPM et réaffirmer le soutien du RND au président Bouteflika à la veille des échéances politiques majeures.Dans une allocution qu'il a prononcée à l'ouverture des travaux du 3e congrès ordinaire de son parti hier à Alger, le secrétaire général du RND et président du congrès, a tenu à évoquer le parcours de son parti depuis 11 ans et les progrès qu'il a connus, notamment avec les résultats obtenus lors des dernières élections législatives. Un parti qui a, selon M. Ouyahia "confirmé sa doctrine novembriste, patriotique, démocratique et républicaine, plaçant l'intérêt national avant toute considération et toujours engagé pour le parachèvement du redressement national". Un parti également "fidèle à cette même ligne aux côtés du président Bouteflika depuis 1999 et son élection pour un deuxième mandat en 2004". Dans ce contexte, il a réaffirmé le soutien de son parti aux efforts du président de la République, tout en assurant le chef de l'Etat du "soutien loyal, que ce soit au sein des institutions, dans le cadre de l'alliance présidentielle, en tant que famille politique, notamment aux échéances politiques majeures qui s'annoncent pour bientôt". Ce sont là les quelques indicateurs qu'a voulu préciser le SG du RND et chef du gouvernement, concernant la révision de la Constitution et les présidentielles. Mettant sa nouvelle casquette de chef du gouvernement, M.Ouyahia a estimé que le contexte mondial n'a pas connu une amélioration depuis mai 2003, tout en réaffirmant le soutien à l'Irak contre le colonialisme américain, l'indépendance de la Palestine, et l'autodétermination du Sahara Occidental. Evoquant le projet du président français, Nicolas Sarkozy, portant Union pour la Méditerranée, dont le lancement est attendu le 13 juillet prochain à Paris, il a souligné qu'autour de la Méditerranée, le processus de Barcelone a démontré qu'il était bien en panne. Une nouvelle initiative se dessine, sous la forme d'une Union pour la Méditerranée. A ce titre, M.Ouyahia a affirmé que la réussite de ce projet dépendra du respect de deux principes fondamentaux. Il s'agit, en premier lieu, de l'avènement d'une paix juste et définitive au Moyen-Orient qui passe par la concrétisation des droits du peuple palestinien qui est une réalité qui ne peut être contournée. Il s'agit en second lieu pour ce nouveau projet de se doter d'objectifs clairs dans le cadre d'un respect mutuel et d'intérêt avantageux pour toutes ses parties. En attendant, l'Algérie, selon le SG du RND, s'ouvre de plus en plus sur le monde, dans le cadre de son association avec l'UE ainsi que ses négociations pour l'accession à l'OMC. En outre, il n'a pas manqué d'évoquer l'inquiétude face à la situation économique mondiale, avec la crise financière mondiale, notamment la marginalisation de l'Afrique et la crise alimentaire qui s'annonce dans plusieurs pays.Revenant sur la situation en Algérie, notamment le volet socioéconomique, M.Ouyahia a relevé les progrès accomplis sur le plan économique et social. Cependant, il est temps de voir la réalité difficile qui est en phase, et secouer les illusions et reconnaître que sans le pétrole, la nourriture quotidienne des Algériens ne pourrait être assurée, car elle dépend de coûteuses importations et même les salaires des fonctionnaires ne pourraient être versés par l'Etat . Selon le chef du gouvernement, il est temps de rompre avec le mythe de "l'aisance financière" et réaliser ce que dépense l'Etat est supérieur aux recettes pétrolières si on se base sur le prix du baril à 60 dollars, et que l'ensemble des projets publics déjà engagés ont atteint un montant supérieur à celui des réserves de changes actuelles. Tout en mettant en exergue la bureaucratie qui est " pesante " et n'arrive pas à s'adapter aux différentes réformes. C'est ainsi que M.Ouyahia a dressé la stratégie de gestion du gouvernement sur la base de la bonne gouvernance qui ne consiste, pas, selon lui, seulement à dépenser les recettes pétrolières mais à assurer d'abord un service public économique de qualité en contrepartie du salaire reçu. Et aussi une régulation honnête au service des citoyens et des producteurs et enfin une application ferme de la loi pour tous et au bénéfice de tous.