Des centaines de milliards pour les banques. Les chiffres que les grandes capitales européennes ont commencé à aligner, ont de quoi donner le tournis. Les principaux pays de la zone euro, dont la France, l'Allemagne et l'Italie, annonçaient hier leurs plans chiffrés de soutien au secteur bancaire, des centaines de milliards d'euros pour redonner confiance aux marchés, au lendemain d'un sommet de crise à Paris. Les chiffres que les grandes capitales européennes ont commencé à aligner ont de quoi donner le tournis. Environ 470 milliards d'euros pour la seule Allemagne, principale puissance économique de l'Union européenne, selon des sources gouvernementales. Cette somme se décompose en 70 milliards d'euros en capital pour les banques et 400 milliards d'euros de garanties sur les échanges interbancaires. Ce chiffre devait être confirmé par la chancelière allemande Angela Merkel, alors que la France, l'Italie et d'autres pays devaient tenir des conseils des ministres quasi-simultanément. A Paris, le gouvernement se réunissait sous la présidence de Nicolas Sarkozy et devrait être suivie d'une déclaration solennelle du président français. Selon le journal Le Monde, une garantie d'Etat de 300 milliards d'euros sur le financement des banques serait offerte. «Il ne s'agit pas de faire des cadeaux aux banquiers, il s'agit de faire en sorte que les consommateurs, les investisseurs puissent continuer à travailler d'une façon rationnelle», a déclaré hier le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. «Les banques qu'on assistera devront payer», a-t-il ajouté. Lors d'un sommet dimanche à Paris, les 15 pays de la zone euro se sont entendus sur un plan d'action comprenant deux grands principes qui devraient être suivis par tous: l'entrée possible des Etats dans le capital des banques en difficulté, et la garantie apportée par les gouvernements aux prêts interbancaires. Cette garantie sera payante pour les banques qui en bénéficieront, ont insisté les dirigeants européens. Ces derniers veulent éviter de voir les opinions publiques se retourner contre des plans qui comprennent des sommes astronomiques en faveur des institutions jugées responsables de la crise. L'Espagne a annoncé, hier, une garantie de 100 milliards sur les échanges entre banques, mais jugé que les banques espagnoles n'avaient pas besoin de recapitalisation. Le Portugal a déjà décidé dimanche, d'un mécanisme similaire à hauteur de 20 milliards d'euros. Les dirigeants de l'UE jugent crucial ce dispositif de soutien aux échanges interbancaires, qui sont pratiquement à l'arrêt. Les banques ne se prêtent plus entre elles, car elles ont peur des faillites. Elles accordent moins de crédits aux ménages et aux entreprises, ce qui menace de mettre à bas le système économique et financier. Selon le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, la confiance doit désormais revenir. «Je pense qu'il n'y a pas de raison aujourd'hui, ni pour les déposants, ni pour les intervenants sur le marché, ni pour les chefs d'entreprises de craindre quelque chose», a-t-il assuré hier. Les Bourses européennes, qui sortent de la semaine la plus noire de l'Histoire, sont reparties à la hausse hier, gagnant au moins 6%, mais la tendance devra être confirmée à Wall Street dans l'après-midi. La réponse coordonnée des Européens à la crise financière fait écho au plan Paulson aux Etats-Unis, évalué à 700 milliards de dollars. Mais elle trouve surtout son inspiration du côté de Londres, où le Premier ministre Gordon Brown a été le premier à proposer ce cocktail de mesures, fait de prises de participations étatiques et de mécanismes de garantie. Le gouvernement britannique est passé à l'acte hier matin, en injectant quelque 47 milliards d'euros dans le capital de trois banques, RBS, HBOS et Lloyds TSB. A partir de demain, les pays de l'UE se retrouveront à 27 à Bruxelles pour un nouveau sommet, qui devrait confirmer ces orientations.