Devant la gravité de la situation, notamment en raison de la dépendance de l'Algérie aux exportations d'hydrocarbures, le ministre du Commerce a exhorté le gouvernement à trouver d'autres alternatives pour garantir d'autres sources de revenus plus sûres au pays. Le feu est dans la maison. Le temps des assurances est révolu. El Hachemi Djaâboub tire la sonnette d'alarme. L'avenir est incertain. La sécurité alimentaire est menacée. C'est un ministre du Commerce visiblement très inquiet qui s'est présenté hier au premier congrès de l'Union nationale des auto-écoles algériennes. El Hachemi Djaâboub s'est déclaré «terrifié et très préoccupé» par les retombées de la crise financière qui frappe actuellement toutes les régions du monde et qui n'est pas loin de toucher l'Algérie. La baisse du prix du pétrole est y pour beaucoup. «Ce qui se passe actuellement est terrifiant, l'avenir est incertain, réalisez-vous que lorsque le prix du pétrole baisse d'un seul dollar, les rendements pour les pays de l'Opep baissent de 35 millions de dollars par jour», a révélé le ministre du Commerce. Ainsi, devant la récession menaçante, les différentes déclarations des responsables, notamment le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque d'Algérie qui affirmaient que l'Algérie est à l'abri, tombent en désuétude. Réalisant la gravité de la situation, notamment en raison de la dépendance de l'Algérie aux exportations d'hydrocarbures, le ministre du Commerce a exhorté le gouvernement à trouver d'autres alternatives pour garantir d'autres sources de revenus plus sûres au pays. «Il faut trouver d'autres alternatives pour garantir la survie à nos enfants (...) il est inconcevable que le destin et l'avenir de nos enfants dépendent du pétrole», a préconisé El Hachemi Djaâboub. En effet, une baisse continue du prix de baril de pétrole aurait des conséquences néfastes sur l'économie nationale d'autant que l'Algérie a engagé un immense programme de développement nécessitant des fonds colossaux. «La crise financière a déjà un impact manifeste sur l'économie mondiale, réduisant la demande d'énergie en général et de pétrole en particulier», justifie l'Opep dans son communiqué sanctionnant sa réunion de vendredi, jugeant que l'effondrement «sans précédent» des cours du brut «met en danger de nombreux projets pétroliers» et «pourrait causer des pénuries d'offre à moyen terme». Ce qui, dans ce cas, pénaliserait l'Algérie en premier lieu. Les cours du brut sont tombés hier à 64,15 dollars le baril, après un record de 147 dollars en juillet dernier, en dépit de la décision des pays exportateurs de l'Opep de réduire leur production de 1,5 million de barils/jour. D'autre part, les mauvaises nouvelles économiques s'accumulent aux Etats-Unis et en Europe, mauvais présages pour la consommation d'énergie, alors que même les pays émergents comme la Chine ou l'Inde, moteurs de la demande pétrolière ces dernières années, sont atteints par la crise. Dans ce contexte, les experts affirment que si la crise financière mondiale persiste, ce qui est le cas avec la chute des Bourses, elle aura un impact dramatique sur les pays exportateurs de pétrole, à l'instar de l'Algérie, tributaires de la manne pétrolière. De ce fait, la bonne gestion des réserves de change est loin d'être une garantie. Et les experts de soutenir que la durabilité de l'actuelle conjoncture économique se traduirait forcément par une dépréciation du dollar induite par la diminution de la demande des liquidités que provoquera la mise en oeuvre de nouveaux mécanismes d'octroi de crédits. Abordant la problématique récurrente du commerce informel en Algérie, le ministre du Commerce a indiqué que son département prépare actuellement un programme quinquennal à même de faire face à ce phénomène, dans l'intérêt de l'économie nationale. «Nous travaillons sur un plan, pour la prochaine période quinquennale, de lutte contre ce phénomène qui nuit aux commerçants et artisans algériens», a-t-il révélé.