Pour le chef de l'Etat, l'Algérie devra se libérer de l'illusion de l'aisance financière. À l'issue de la communication du ministre des Finances sur la crise financière mondiale et son impact sur l'Algérie, le chef de l'Etat est intervenu pour relever que cette tempête financière a valeur d'avertissement. “Elle est venue rappeler à chacun que la situation de nos finances publiques et partant de notre économie ainsi que du bien-être des citoyens demeure encore dépendante des seules exportations d'hydrocarbures. J'espère que cette réalité difficile donnera encore de la force à mes appels répétés à nous libérer de l'illusion de l'aisance financière laquelle a toujours été aléatoire à mes yeux et nous mettre davantage au travail pour bâtir une économie diversifiée à même de garantir sur le moyen et le long terme la pérennité du développement du pays et du bien-être des citoyens.” En clair, la quasi-totalité des revenus en devises provient des exportations d'hydrocarbures qui subissent l'effet de fréquentes variations de prix. Cette situation expose l'Algérie à moyen long terme à des chocs exogènes. Tout le monde a en mémoire les effets de la crise de 86. L'Algérie n'a d'autre choix que de diversifier ses sources de revenus. La tâche n'est pas facile. Il faudra beaucoup d'efforts pour développer les exportations hors hydrocarbures. Encore faut-il que l'attentisme actuel cède la place à un plus grand dynamisme, notamment en matière de mise en œuvre de la stratégie industrielle, d'application des facilitations pour booster les exportations. Le principal vecteur de ce changement est l'entreprise. En fonction de cet objectif de diversification de l'économie, un vaste plan de mise à niveau des entreprises particulièrement exportatrices, devrait être mis en œuvre. Quant à la communication du ministre des Finances, Karim Djoudi, elle y présente entre autres la genèse de la crise et son impact limité sur l'Algérie. Cette crise a été dévoilée par le retournement du marché de l'immobilier, dit des “subprimes”, des crédits hypothécaires qui ont fini par entraîner dans le monde une récession quasi générale. De gros efforts ont été fournis par les pays les plus riches afin de tenter de juguler la crise, en mettant à la disposition des principales banques les liquidités qui leur manquaient, tout en prêtant de l'argent aux grosses entreprises leaders de leur branche d'activité. Le président de la République avait par le passé, bien des fois, demandé avec insistance aux responsables de l'administration, de l'économie et des finances du pays, de veiller à éviter le gaspillage sous toutes ses formes, et la conjoncture lui a donné raison. Une chance que les réserves de change du pays aient été gérées avec prudence : la dette algérienne a été payée par anticipation, les ressources ont été placées à des taux faibles, certes, mais sûrs, alors qu'un fonds de régulation des recettes était alimenté par la fiscalité pétrolière, grâce à une loi des finances calculée sur la base d'un baril à 19 dollars, durant plusieurs années de suite. Ce n'est qu'en 2008 que la loi des finances a été calculée sur la base d'un baril à 37 dollars, alors que les cours du pétrole atteignaient 147 dollars. C'est cet ensemble de facteurs qui permettent au pays de maintenir son effort d'investissement sans trop de peine. Il faut rappeler que l'Algérie a lancé en 2004 un plan quinquennal de plus de 140 milliards de dollars, essentiellement destiné à la réalisation de grosses infrastructures (routes, voies ferrées, ports, aéroports, barrages, centrales électriques, stations de dessalement de l'eau de mer, etc.) en plus d'un programme ambitieux de 1 million de logements, toujours en cours de réalisation, en cette fin d'année 2008, malgré la menace persistante de la récession dans la plupart des pays riches, qui a entraîné la chute des prix de pétrole qui ont flirté avec les 40 dollars, sur la plupart des Bourses vendredi 5 décembre. Djamel Zidane