En porte-à-faux avec le gouvernement, M.Djaâboub soutient que la crise financière n'est pas loin d'affecter l'Algérie. C'est le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, qui l'a avoué, hier, publiquement: «60% des entreprises ne déclarent pas leur bilan de comptes sociaux au Centre national du registre du commerce (Cnrc)», a déclaré, hier, le ministre du Commerce à la Radio nationale. Invité à l'émission Tahaoulat, M.Djaâboub a ainsi dénoncé l'incivisme et le dysfonctionnement dans le système fiscal. Un taux qui fait peur car, selon M.Djaâboub, 90% des entreprises algériennes appartiennent au secteur privé. Ce phénomène constitue en fait une menace pour l'économie nationale surtout lorsqu'on sait que le montant de la fiscalité collectée par les services des impôts jusqu'au 31 octobre 2008, s'élève à 609 milliards de dinars. Combien de milliards de dinars échappent-ils au Trésor public? Il faut dire que le montant se chiffre à des dizaines de milliards de dinars et donc un manque à gagner du même ordre pour le budget de l'Etat. Défaut de facturation, système de prête-noms, facturation fictive et autres manoeuvres courantes constituent autant de pratiques frauduleuses bien connues de l'administration des impôts. Afin de mettre fin à ce «crime», M.Djaâboub a affirmé qu'«en 2009 nous allons procéder au recrutement de 3000 inspecteurs des impôts». Dans le même registre, le ministre a révélé que les techniques de vérification en matière de contrôle fiscal, ont été également améliorées. Interrogé sur le déficit en contrôleurs, M.Djâaboub a indiqué qu'il y a actuellement 4500 agents de contrôle à l'échelle nationale. Sur sa lancée, le ministre a précisé que ces agents de l'Etat sont tenus de contrôler uniquement les produits subventionnés, à savoir le pain, le lait en sachet, la semoule, la farine, le carburant et le transport urbain. Ce dispositif sera renforcé par la création de services spécialisés sous forme d'offices pour élaborer des investigations et des enquêtes fiscales. «L'administration fiscale est en train de mettre en place une série de systèmes de lutte contre l'informel.» Il explique que le système fiscal algérien, lourd dans les années 90, s'est, à partir de l'année 2000, doté de moyens modernes pour lutter efficacement contre la fraude et l'évasion fiscale et ce, à la faveur des nouvelles réformes engagées en la matière. Interrogé sur les lenteurs de la distribution des 100 locaux par commune, le ministre a affirmé que certaines communes ont déjà distribué ces locaux. «Pour ce qui est des locaux restants, c'est une question de temps; ils seront distribués une fois les travaux terminés». M.Djaâboub espère qu'avec la distribution de tous les locaux, le marché sera régularisé. Ainsi toutes les localités et l'ensemble des quartiers seront dotés de marchés de proximité. C'est une manière de contrecarrer le marché parallèle. Intervenant sur la crise financière qui affecte la planète, El Hachemi Djaâboub s'est déclaré «terrifié et très préoccupé» par ses retombées, puisqu'elle n'est pas loin de toucher l'Algérie. Ainsi, devant la régression menaçante, le ministre du Commerce a exhorté le gouvernement à trouver d'autres alternatives pour garantir d'autres sources de revenus plus sûres au pays. Le ministre a parlé également des exportations. C'est un tableau noir qu'il a brossé. Il a déclaré que «l'Algérie ne peut rien exporter, à part le pétrole». M.Djaâboub voit mal l'Algérie sans Sonatrach. A cet effet, il invite les décideurs à prendre conscience de la situation découlant de la chute du prix du pétrole.