Le marché pétrolier n'est pas épargné, le baril de Brent de la mer du Nord pointe à moins de 60 dollars. Hier, en début de matinée (8h45 Gmt), les cours du Brent de la mer du Nord planchaient pour passer sous la barre fatidique des 60 dollars. 59,02 dollars très exactement. C'est, à peu de chose près, son niveau du mois de mars 2007, sauf qu'à ce moment-là, la courbe était ascendante. A la même heure, les cours du baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre atteignaient les 61,30 dollars sur le New York Mercantile Exchange, le niveau qui était le sien au mois de mai 2007. Il a tout de même effectué une légère remontée pour s'échanger à 62,92 dollars. La cote d'alerte doit-elle être considérée comme atteinte pour que l'Opep décide d'une nouvelle réduction de sa production? Chakib Khelil, le président en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, l'avait laissé entendre lors de la réunion extraordinaire du Cartel qui s'est tenue le 24 octobre à Vienne en Autriche. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines a été relayé dans ses déclarations par son homologue iranien, Mohammed Ali Al Khatibi: «Soyez assurés que si cette décision n'est pas efficace sur le marché, l'Opep fera un nouveau pas lors de sa prochaine réunion pour consolider le marché et stabiliser les prix», a averti le représentant iranien auprès de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. L'Opep est-elle déjà en appel? A moins qu'elle n'attende, sa prochaine réunion programmée pour le 17 décembre à Oran, en Algérie. Rendez-vous dans six semaines si les marchés arrivent à connaître une relative accalmie. Le gouvernement algérien, de son côté, devrait se rendre à l'évidence surtout que la fourchette fixée par Ahmed Ouyahia et qui ne manquera pas de mettre en difficulté l'économie algérienne, vient d'être atteinte. Un baril entre 60 et 65 dollars pourrait remettre sérieusement en cause les projets de développement économique en chantier. Certes, le dollar est en forte hausse par rapport à la monnaie unique européenne. Il est passé sous le seuil de 1,24 dollar pour 1 euro. Tout cela demeure toutefois bien relatif, voire très aléatoire puisque le billet vert n'a pas encore fini de broyer du noir face à la devise nipponne. 1 dollar s'échangeait hier contre 92,48 yens alors qu'il était à 94,24 yens vendredi dernier. Le franc suisse, de son côté, laminait la devise européenne en établissant un record historique. 1 euro s'échangeait à 1,4315 franc suisse en début de matinée. Les investisseurs semblent avoir changé d'horizon. Les marchés financiers sont en pleine débandade. La journée d'hier a marqué pour eux une nouvelle descente aux enfers. A la mi-journée les bourses européennes, à l'instar de Paris, perdaient 3,75% suivies par celle de Francfort à 2,66% alors que Londres enregistrait une baisse de 1,76%. Quelques heures plus tôt, Tokyo s'effondrait à plus de 6,36% en clôture alors qu'à Hong Kong la baisse enregistrée était de 12,7%. De leur côté, les Etats-Unis ont une nouvelle fois décidé de débloquer une enveloppe financière de 125 milliards de dollars qui seront destinés à recapitaliser leurs neuf plus grandes banques. Autant dire que c'est la panique généralisée. Les grands argentiers de la planète n'ont pas réussi à juguler la crise financière qui a enfoncé l'économie mondiale dans une récession qui a déjà commencé à faire des dégâts. Fermetures d'usines en Chine, licenciements massifs en Europe et aux Etats-Unis... «On ne peut rien faire, personne ne veut rattraper un couteau qui tombe», déclarait au quotidien international Herald Tribune, Koichi Ogawa, gestionnaire à Daiwasb Investissements à Tokyo. Une formule qui résume, à elle seule, le désarroi dans lequel est plongé un système capitaliste mondial qui vient d'atteindre ses limites.