«Cette crise a son origine aux Etats-Unis et doit être résolue aux Etats-Unis, ils sont capables», a déclaré, mardi, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La polémique s'installe entre pays producteurs d'or noir et Britanniques. Elle pourrait faire tache d'huile et s'étendre aux pays consommateurs, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique. La pomme de discorde: la baisse de la production de pétrole. Le Premier ministre britannique ainsi que le président des Etats-Unis d'Amérique, George W.Bush, avaient manifesté leur déception de voir les pays membres de l'Opep réduire leur production pétrolière de 1,5 million de barils par jour. Cette décision avait été prise lors de la réunion extraordinaire du 24 octobre à Vienne en Autriche. Elle a été unanimement adoptée par l'ensemble des «11» pays concernés par les nouveaux quotas qui doivent être mis en application dès le 1er novembre. Une initiative qui n'a pas du tout été appréciée du côté de Downing Street, encore moins de la Maison-Blanche. Le Premier ministre britannique, sans aucun doute frustré, tente de revenir à la charge. L'occasion s'est présentée à travers la question de l'augmentation des réserves du Fonds monétaire international afin d'aider les pays en difficulté à sortir de la crise financière. Le Premier ministre du Royaume-Uni en partance pour Paris afin de rencontrer le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, a trouvé la solution «magique». Faire contribuer la Chine, chef de file des pays émergents dont l'économie fait trembler l'ensemble de la planète, ainsi que les pays dits industrialisés, mais et surtout faire «cracher le porte-monnaie» des pays du Golfe, producteurs de pétrole. «Ce sont les pays qui ont des réserves substantielles, les pays riches en pétrole et d'autres qui vont être les plus importants contributeurs», a déclaré Gordon Brown, avant son départ pour la capitale française. Ce qui lui a valu, sans ambages, cette réponse du secrétaire général de l'Opep: «S'il vous plaît, ne comptez pas sur nous pour vous renflouer, parce que nous sommes pour la plupart des pays pauvres.» Abdallah El Badri s'exprimait au cours d'une conférence de presse intitulée «Oil and money» qui s'est tenue dans la capitale britannique. Le secrétaire général de l'Opep s'est même montré très surpris que l'on sollicitât les pays membres du cartel pour faire face à une crise d'une telle ampleur. «Ce qui est surprenant, c'est que tout le monde se tourne vers l'Opep pour se sortir de cette crise. A l'Opep, nous sommes pour la plupart des pays pauvres, nous ne pouvons pas sortir les autres pays de la crise», a déclaré M.El Badri. L'éventualité d'une nouvelle réduction de la production de pétrole, dans le cas où les prix des cours de l'or noir continueraient à baisser, n'est pas à écarter non plus. Au cours de la même conférence, le ministre qatari de l'Energie a rejeté les critiques des pays occidentaux et ceux des Etats-Unis. «Dites-moi: quelle est la solution?», a demandé aux participants Abdallah Ben Hamad El Attiyah. Le spectre d'une réduction éventuelle de la production de l'Opep, comme l'avait laissé entendre le président de l'Organisation, Chakib Khelil, semble s'éloigner. «Si les prix continuent de chuter, nous n'attendrons pas le 17 décembre», avait déclaré le ministre algérien de l'Energie et des Mines. Les prix de l'or noir ont repris quelques couleurs, hier. Le baril de Brent de la mer du Nord était en hausse de 3,45 dollars à 63,74 dollars. Le «Light Sweet Crude» en faisait autant à New York où il a pris 3,51 dollars, affichant 66,24 dollars. La polémique, si on se fie à cette tendance, devrait s'estomper.