L'Amérique charge Dominique Strauss-Kahn (directeur général du FMI) de mener l'enquête sur les causes de l'envolée des prix de l'or noir. Les Etats-Unis veulent rallier à tout prix, tout le monde à leur thèse: si le pétrole est trop cher, c'est qu'il n'y en a pas assez sur le marché. Ils n'hésitent pas à pointer un doigt accusateur sur le responsable de cette situation: les pays producteurs et en particulier l'Opep. Chakib Khelil, le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a reconnu que de grosses pressions sont exercées, notamment par les Etats-Unis d'Amérique sur l'Opep pour qu'elle augmente sa production. Les pays producteurs de pétrole, membres de l'organisation, crient à tous ceux qui veulent les entendre que «le marché est bien approvisionné». Henri Paulson, quant à lui, n'en démord pas. Le secrétaire américain au Trésor a déclaré au cours d'une conférence de presse: «Toutes les preuves désignent l'offre et la demande.» Il a tenu ces propos au terme d'une rencontre qui a réuni les ministres des Finances du G8 (Etats-Unis, Allemagne, Japon, Grande-Bretagne, France, Canada, Italie, Russie.) à Osaka au Japon, ce week-end. Deux points de vue qui se situent aux antipodes. Les débats risquent et promettent d'être animés ce 22 juin à Djeddah en Arabie Saoudite où est programmé un sommet entre producteurs et consommateurs de pétrole. La confrontation aura-t-elle lieu entre les Etats-Unis et leurs ennemis jurés, les «faucons de l'Opep (Venezuela et Iran)? Les pays industrialisés gros consommateurs d'or noir», sont de plus en plus inquiets par les records historiques établis par le baril de pétrole. Plus de 139 dollars à New York. Le 06 juin 2008. L'économie mondiale est malmenée. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole s'en lave les mains. M.Chakib Khelil a à maintes fois mis en exergue la crise économique qui sévit aux Etats-Unis, la dépréciation de la devise américaine vis-à-vis de sa concurrente européenne, l'euro, ainsi que les problèmes géopolitiques. Il a, cependant, tenu à préciser que «la spéculation n'était pas à négliger». Ce dernier point est réfuté par le secrétaire américain au Trésor. Henri Paulson a tout simplement considéré que c'était une «erreur» que de considérer la spéculation comme cause principale de l'envolée des cours du pétrole. La spéculation, selon le responsable américain, n'aurait rien à voir avec la hausse des prix de l'or noir. L'Amérique absout les spéculateurs. Les Américains ne peuvent cependant nier le rôle joué par le dollar dans la hausse spectaculaire des cours du pétrole. Cette question s'est retrouvée au centre des débats animés par les ministres des Finances du G8 à Osaka au Japon. Les huit pays les plus riches de la planète ont fait craindre, dans un communiqué final, qu'un prix du pétrole excessivement élevé constituait «une sérieuse menace pour la stabilité de la croissance mondiale». Les analyses controversées sur les causes réelles de l'envolée des prix de l'or noir ainsi que les solutions proposées afin d'enrayer cette hausse, ont certainement favorisé la décision de confier une enquête au FMI. En effet, les ministres des Finances du G8, ont sollicité le Fonds monétaire international mais aussi l'Agence internationale de l'Energie (AIE) d'analyser les «facteurs réels et financiers derrière le récent bond des prix du pétrole et leur volatilité». Un rapport que remettra le FMI au mois d'octobre 2008, lors de sa prochaine assemblée générale. Le FMI se voit attribuer par les pays du G8, cet inconfortable rôle d'arbitre. «Ce n'est pas clair du tout. Nous avons besoin d'une étude pour répondre à cette question», a confié Dominique Strauss-Kahn, le patron du FMI. Arrivera-t-il à trancher entre ceux qui soutiennent que l'envolée des prix de l'or noir est due à un manque d'approvisionnement du marché et ceux qui désignent les spéculateurs comme responsables de cette situation? Dans l'un ou comme dans l'autre cas, il y aura des mécontents.