Si la réduction décidée le 24 octobre à Vienne ne donne pas de résultats, l'Opep sera amenée encore à réduire sa production, a déclaré, hier à Londres, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Abdallah Salem El Badri, cité par les agences de presse. Le responsable de l'Opep qui s'exprimait à la conférence « Oil and Money », organisée à Londres, a indiqué : « Nous allons devoir attendre et voir comment le marché réagit... si ce problème continue, il va falloir procéder à une nouvelle réduction. » « Si la situation se détériore au point que nous serions obligés de tenir une nouvelle réunion avant celle de l'Algérie, nous le ferons », a-t-il ajouté. Il faut rappeler que l'Opep doit tenir une réunion extraordinaire le 17 décembre à Oran, en Algérie. La décision de réduire la production de 1,5 million de barils par jour a été prise le 24 octobre et la réduction entrera en application le 1er novembre. Les effets réels sur le marché ne se feront sentir que 40 jours après, soit au début du mois de décembre. Toutefois, les premiers indices pourront apparaître deux à trois semaines après la décision. C'est ce qui explique que le secrétaire général ait déclaré aussi que « si le marché réagit mal, nous nous rencontrerons avant ». De son côté, le ministre qatari du Pétrole, Abdallah Ben Hamad Al Attiyah, qui assistait à la même conférence, a écarté en nuançant ses propos concernant l'idée d'une réunion extraordinaire avant celle du 17 décembre à Oran en déclarant : « Pour l'instant, il n'y a pas d'indication selon laquelle nous pourrions nous réunir avant décembre. Nous sommes à seulement quelques semaines de décembre. Quelques semaines peuvent résoudre le problème. » « Je ne pense pas que nous allons nous réunir à nouveau », a-t-il ajouté. Cette différence d'appréciation montre à quel point la situation reste difficile pour les pays membres de l'Opep partagés par le souci d'éviter l'effondrement des cours du pétrole et celui de ne pas gêner les efforts de reprise qui ont été lancés. A propos de la réduction décidée par l'Opep, le ministre qatari a expliqué : « Aujourd'hui, nous produisons beaucoup de pétrole, mais personne ne veut l'acheter. Les producteurs de pétrole ont beaucoup de mal à vendre le pétrole existant même après la baisse de production », en ajoutant même que certains consommateurs résiliaient leurs contrats. Le représentant de l'Iran auprès de l'Opep a lui aussi estimé dimanche que si la réduction du 24 octobre n'était pas efficace, « l'Opep fera un nouveau pas lors de sa prochaine réunion pour consolider le marché et stabiliser les prix ». Lors de la conférence de presse, à la fin de la réunion du 24 octobre à Vienne, le président de l'Opep et ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, avait déclaré qu'une autre réunion était possible avant celle prévue à Oran le 17 décembre. En réalité, les pays membres de l'Opep se sont accordé deux à trois semaines pour observer le marché avant de se prononcer pour une autre réunion qui devrait aboutir automatiquement à une deuxième réduction de la production. La situation instable qui prévaut sur les marchés boursiers et le début de la mise en pratique des décisions des banques centrales et des gouvernements des grands pays développés n'offrent pas encore une visibilité sur l'évolution des cours du pétrole. Même si le seuil des 50 dollars le baril n'est pas une vue de l'esprit vu la gravité de la crise. Le niveau actuel des cours du pétrole est très bas, comparé aux records de l'été 2008, mais en réalité la moyenne des 60 dollars le baril dans laquelle évolue ces derniers jours le marché est celle dans laquelle évoluait le marché au cours du premier semestre de l'année 2007. Les prix du brut au plus bas Au cours du premier semestre de l'année 2007, la moyenne du baril de pétrole brut américain était de 62 dollars environ. Depuis la décision de l'Opep de réduire sa production le 24 octobre, les cours qui étaient autour des 65 dollars le baril ont chuté encore. Lundi, ils sont même descendus en dessous des 60 dollars le baril à Londres pour reprendre ensuite au- dessus des 60 dollars. En réponse à une proposition du Premier ministre britannique de faire contribuer les pays producteurs de pétrole pour augmenter les ressources financières du Fonds monétaire international, le secrétaire général de l'Opep a critiqué le fait que tout le monde se tourne vers l'Opep pour sortir de cette crise. « Ce qui est surprenant, c'est que tout le monde se tourne vers l'Opep pour sortir de cette crise. A l'Opep nous sommes pour la plupart des pays pauvres, nous ne pouvons pas sortir les autres pays de la crise », a déclaré le secrétaire général en estimant que « cette crise a son origine aux Etats-Unis et doit être résolue aux Etats-Unis, ils en sont capables ». Toujours est-il que l'Opep sera bien obligée d'intervenir si les cours baissent encore, non seulement pour préserver leurs revenus, mais aussi pour garantir les investissements qui serviront à répondre à la demande mondiale en pétrole à moyen terme. Avec les cours actuels, beaucoup de projets vont se retrouver dans les tiroirs avec à la clé une situation de pénurie chronique à moyen terme et des cours du pétrole bien plus élevés qu'auparavant. Hier, vers 18h GMT, les cours du pétrole brut américain étaient à 62,10 dollars le baril. Tandis que le brent était à 60,27 dollars.