Le secrétaire général de l'ONU a annoncé lundi la nomination de l'ancien président du Nigeria émissaire spécial de l'ONU pour la RDC. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé lundi avoir nommé l'ancien président du Nigeria Olusegun Obansajo émissaire spécial de l'ONU pour tenter de résoudre la crise dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). M.Obasanjo «travaillera avec les dirigeants de la région et la communauté internationale pour apporter une solution politique durable à la crise», a dit M.Ban à la presse au retour d'une tournée en Asie. M.Ban a indiqué s'être entretenu, au téléphone, de la crise congolaise avec de nombreux responsables pendant son voyage, soulignant à chaque occasion qu'il ne pouvait y avoir de «solution militaire» et que tous les efforts devaient «porter sur une négociation politique». Dans cette optique, le chef de l'ONU s'est dit prêt à se rendre personnellement dans la région pour rencontrer les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame. «Les présidents Kagame et Kabila ont exprimé leur disposition à me rencontrer, peut-être dès cette semaine ou en début de semaine prochaine», a-t-il dit. «Le conflit le long de la frontière de ces deux pays n'a que trop duré, avec des conséquences catastrophiques (...), nous avons besoin de la paix», a insisté M.Ban, qui a exhorté les parties «à s'en tenir à l'actuel cessez-le-feu». La nomination de M.Obasanjo intervient alors qu'une intense activité diplomatique se déploie pour tenter de rétablir la paix et la stabilité dans l'est de la RDC, où les rebelles du général déchu Laurent Nkunda sont positionnés près de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Nkunda, un Tutsi congolais, a menacé de chasser du pouvoir le gouvernement du président Kabila en l'absence de négociations directes, ce que Kinshasa a refusé. Mercredi dernier après avoir mis en déroute l'armée régulière congolaise sur la route de Goma, il avait décrété un cessez-le-feu unilatéral qui a tenu jusqu'ici. La ville n'est plus protégée que par les Casques bleus de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc). Les derniers affrontements ont jeté des dizaines de milliers de réfugiés sur les routes à proximité de Goma. Nommé lundi émissaire spécial de l'ONU pour tenter de résoudre la crise dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), l'ancien général-président nigérian Olusegun Obasanjo est un vieux routier de la politique et de la guerre, connu pour son habilité tacticienne. Agé aujourd'hui de 71 ans, le «chief» Obasanjo connaît bien la guerre civile et ses ravages: en 1970 il avait réussi à mater les troupes sécessionnistes de l'éphémère République du Biafra (sud), préservant ainsi l'unité du pays, indépendant depuis 1960. Aujourd'hui très critiqué, voire dans le collimateur, depuis son départ du pouvoir fin mai 2007, notamment pour des affaires de corruption présumée, Olusegun Obasanjo est un concentré de contradictions: militaire putschiste, il a rendu le pouvoir aux civils en 1979, une première en Afrique, après avoir dirigé le pays pendant 3 ans (1976-1979) d'une main de fer.