Des milliers de personnes ont tenu à accompagner le défunt à sa dernière demeure. La horde sauvage a encore frappé. Le président de l'APC de Timezrit, dans la wilaya de Béjaïa, a été retrouvé, jeudi, mort, au lendemain de son enlèvement, mercredi aux environs de 18h45, au lieudit «La plaque» dans la commune d'Adekar, par un groupe terroriste. Le défunt, élu RCD, revenait d'une mission à Alger pour récupérer des cachets humides de sa commune au niveau du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Fateh Chibane s'est fait surprendre par un groupe de terroristes au lieudit «Mme Lambert», au moment où il allait satisfaire un besoin urgent, après que son chauffeur se soit arrêté aux abords de la route. Loin de se douter qu'il avait affaire à des terroristes, d'autant que deux d'entre eux portaient la tenue de la Bmpj, Fateh Chibane avait décliné son identité et sa fonction en toute innocence après avoir été interrogé sur sa présence dans les lieux au moment du ratissage. Mal lui en prit puisque d'autres terroristes embusqués dans la forêt avoisinante ont rejoint le groupe. Ayant compris qu'il avait affaire à des terroristes, le défunt a tenté de se défendre. Trop tard. «Les terroristes ont décidé sur-le-champ d'incendier le véhicule et nous ont demandé de quitter les lieux rapidement. Ils ont exigé de Fateh de les suivre sous prétexte qu'ils avaient besoin de lui tout en lui promettant de le libérer plus tard», nous raconte le chef du parc de l'APC de Timezrit, présent sur les lieux, avant d'ajouter en sanglotant: «Quelques minutes plus tard, alors que nous comptions alerter les services de sécurité, nous avons entendu l'écho de deux coups de feu venant de l'intérieur de la forêt.» L'alerte donnée, les services de sécurité et les forces combinées ont ratissé, dans la nuit, le lieu de l'enlèvement avant d'élargir le périmètre de ratissage à l'aube. Le corps du défunt a été découvert ainsi que le véhicule calciné au lieudit «La plaque» à quelque 900 m de l'accotement de l'intersection entre la route Nationale n°12 et le chemin de wilaya n°73 qui mène vers Sidi Aïch par la commune de Tifra. Le défunt a été enterré hier au cimetière communal. Des milliers de personnes ont tenu à l'accompagner à sa dernière demeure. Tôt le matin, la ville de Timezrit peinait à contenir tout le flux d'automobilistes et de piétons qui y affluaient. «Fateh, ton sacrifice ne sera pas vain» pouvait-on lire sur la banderole accrochée à l'entrée de la commune de Timezrit. Une commune en deuil qui s'est avérée très exiguë pour contenir une immense foule venue rendre le dernier hommage à cet éducateur de formation, 41 ans, marié et père d'un enfant, qui a donné sa vie au service de sa commune. En effet, c'est en présence de tous les cadres de la wilaya, députés, sénateurs et élus communaux que le cortège funèbre s'est ébranlé avec beaucoup d'émotion vers le cimetière où le cercueil recouvert de l'emblème national, a été ouvert pour permettre à ceux qui le désiraient de jeter un dernier regard sur le visage du défunt, avant qu'il ne soit inhumé. La horde terroriste emporte ainsi un fils du pauvre de la commune de Timezrit, citoyen simple et modeste, universitaire, enseignant de langue et littérature françaises, chercheur et enseignant universitaire au département de la langue et littérature amazighes de l'Université de Béjaïa. Cet assassinat de trop a plongé toute la population de Béjaïa dans l'émoi d'autant plus que c'est la première fois qu'un élu du peuple est assassiné par les terroristes dans la basse Kabylie. Cependant, il y a lieu de rappeler l'assassinat du chef de daïra de Sidi Aïch (Béjaïa) et du procureur de Bougaâ dans un barrage dressé par des hommes armés au lieudit Aghoulad, sur la même route.