La chef de la diplomatie américaine a multiplié les initiatives pour convaincre les prochains gouvernements américain et israélien que l´approche globale lancée en novembre 2007 à Annapolis reste la bonne. La secrétaire d´Etat américaine, Condoleezza Rice, a tout fait cette semaine au Proche-Orient pour sauver le processus de paix israélo-palestinien d´Annapolis des oubliettes de l´Histoire après son départ début 2009. Au cours de ce qui apparaît comme peut-être sa dernière tournée au Proche-Orient, la chef de la diplomatie américaine a multiplié les initiatives pour convaincre les prochains gouvernements américain et israélien que l´approche globale lancée en novembre 2007 à Annapolis, près de Washington, devrait être conservée même si elle a échoué à produire, comme prévu, un accord de paix cette année. Elle a rencontré jeudi et vendredi les deux principaux candidats au poste de Premier ministre israélien, l´actuelle négociatrice Tzipi Livni et son rival de droite Benyamin Netanyahu. Elle s´est aussi rendue vendredi à Ramallah pour s´assurer que le président palestinien Mahmoud Abbas avait bien l´intention de poursuivre ses efforts de paix. Elle a ensuite visité samedi Jénine - une première pour un chef de la diplomatie américaine - pour souligner les progrès réalisés sur le terrain par les services de sécurité palestiniens avec le soutien des Etats-Unis. Elle a enfin participé hier à une réunion du Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU), qui a appelé la communauté internationale à «soutenir la poursuite des efforts des parties dans le cadre du processus d´Annapolis». «Le plus important, c´est que la nouvelle administration aux Etats-unis s´empare de cette question dès le premier jour, et elle peut le faire sachant qu´il existe des fondations sur lesquelles on peut construire», a déclaré l´ancien Premier ministre britannique Tony Blair, à l´issue de cette réunion. Mme Rice s´est réjouie de ce soutien. «Le processus d´Annapolis est désormais la réponse de la communauté internationale et des parties à la question de savoir comment nous allons mettre fin au conflit entre Israéliens et Palestiniens», a-t-elle déclaré. Le processus d´Annapolis est basé sur trois volets simultanés: des négociations politiques bilatérales dont la teneur est restée jusqu´ici confidentielle et qui n´ont pas abouti, un programme de développement économique des Territoires palestiniens animé par M.Blair, et la création de premières structures étatiques pour favoriser la création d´un Etat palestinien. Jusqu´ici, les négociations israélo-palestiniennes s´étaient toujours concentrées sur le volet politique, et les succès limités obtenus depuis le lancement d´Annapolis ont été enregistrés sur les autres volets, notamment dans le domaine de la sécurité. Or Mme Rice craint que son successeur ignore le processus d´Annapolis et son approche globale, qu´elle estime indispensable, indique-t-on dans son entourage. Mme Livni et M. Abbas ont d´ores et déjà annoncé leur intention de continuer leurs discussions. M.Abbas a convenu qu´Annapolis avait «jeté des bases très solides qui nous permettront d´avancer vers la paix avec la nouvelle administration américaine et celle d´Israël». Mais M.Netanyahu s´est montré moins enthousiaste. «J´ai l´intention de proposer une nouvelle voie vers la paix qui combinerait des négociations politiques avec un développement économique rapide pour les Palestiniens», a-t-il déclaré, sans mentionner la création d´institutions palestiniennes. Quant au président américain élu Barack Obama, il pourrait attendre quelques mois avant de se pencher sérieusement sur les négociations de paix israélo-palestiniennes. Selon des experts, M.Obama, qui a fait de la lutte contre Al Qaîda en Afghanistan et du retrait d´Irak ses priorités, devrait attendre mars ou avril avant de lancer une quelconque initiative d´envergure sur ce sujet.