Les travaux de confortement des oueds et de protection de la ville contre les inondations, réalisés récemment, ont tenu bon. Les habitants de la ville de Djelfa n'ont apparemment aucun autre choix que de se résigner face à une situation qui n'est pas une fatalité. Ils s'habituent au phénomène des intempéries. «Nous sommes toujours menacés par les pluies diluviennes, qui provoquent souvent des inondations». C'est ce qu'a déclaré, hier, Hammou Ahmed Touhami, wali, lors de notre visite de travail dans cette ville deux mois après le drame qui a coûté la vie à quelque douze personnes. Au moins sept ruisseaux traversent les quartiers de la ville pour mourir dans l'oued Mellah. De ce fait, 350.000 âmes sont menacées par les crues soudaines de ces ruisseaux qui se transforment en oueds chaque fois que les précipitations dépassent un certain seuil. «Djelfa a été sauvée grâce aux travaux de confortement des oueds et de protection de la ville contre les inondations réalisés, récemment, et qui ont tenu bon» a ajouté le wali. Cependant, l'orage qui a éclaté ce jour-là, en l'espace de 40 minutes, a inondé les quartiers de la ville à l'exemple de Boutrafis, de Wiam et de Bel Ombrage. Cet orage a provoqué la crue de l'oued Mellah, notamment dont la montée des eaux s'est arrêtée quelques deux heures plus tard. La construction des murs pour dévier et délimiter les lits (mineurs et majeurs) de la rivière Mellah a coûté les yeux de la tête à la wilaya. «Quelque 30 milliards de centimes ont été déboursés rien que pour la première opération» a encore annoncé le wali. D'autres opérations semblables vont être réalisées dans d'autres localités de la wilaya, à savoir Hassi Bahbah et Messaâd. Ces murs servent aussi à freiner et briser la force et le flux des eaux torrentielles. Pour ce qui est de la responsabilité, du moins pour les pertes humaines, M.Hammou Ahmed dira que «tout le monde est responsable, à commencer par les citoyens». Le wali qui a été installé en août 2004, a fustigé, au passage, les présidents des Assemblées communales populaires et les anciens décideurs de la wilaya du fait qu'«ils ont délivré des permis de construction dans des zones inondables de la ville». Les inondations, aux yeux du premier responsable de la wilaya «n'est pas du tout une fatalité», citant les gigantesques ouvrages que les pays développés ont réalisés. Après la reconnaissance et l'évolution des dégâts, le wali de Djelfa et le lieutenant de la Protection civile de la localité ont aussitôt installé une cellule de crise et déclenché le plan Orsec. Ils ont donné des instructions fermes aux différents responsables concernés pour gérer la crise. Le wali a également mis en exergue les efforts déployés par la radio locale dans la sensibilisation de la population afin d'apaiser les esprits qui étaient plus «en furie» que les eaux pluviales. Un comité de suivi, composé de représentants de la santé, de la DAS, de la Protection civile et de l'APC, entre autres, a été installé pour suivre et faire aboutir toutes les actions et décisions issues du comité de crise. Pour prévenir d'autres catastrophes et se sécuriser contre d'éventuelles inondations, M.Hammou Ahmed appelle les citoyens à ne plus construire sur les bords des oueds comme il insiste sur le nettoyage permanent des avaloirs, par l'Office national d'assainissement. En conclusion, le wali en personne regrette l'absence de rigueur de la part des éléments de l'Etat. Honneur aux éléments de la Protection civile Dans une sortie guidée par le lieutenant Alia Issa, accompagné du commandant Achour de la Protection civile, venu d'Alger, nous avons constaté sur le terrain le danger que courent les habitants de certains quartiers comme celui de Bel Ombrage. Une grande partie de ces 150 habitations a été bâtie sur le lit majeur de l'oued Hdid. Une barrière en tuf a été dressée pour soi-disant protéger du cours des eaux. Pour d'aucuns, ce garde-fou ne peut devenir que de la vase menaçante pour les habitations. L'oued menace également un centre universitaire, un lycée, un CEM et une école primaire situés au bas de Bel Ombrage. Les Djelfaouis semblent ne pas avoir retenu les leçons que donne la nature au quotidien. Au vu et au su de tout le monde, d'énormes gravats continuent d'être déchargés, chaque jour dans cet oued et empêchent les eaux de passer sous les ponts et déborder ce qui provoque des inondations sur la ville. Pourtant «la prévention est moins coûteuse que l'intervention», commente le commandant Achour. Lors de notre visite aux points noirs de la ville de Djelfa, nous avons constaté que beaucoup de choses ont été réalisées. Il y a lieu de signaler, à cet égard, que les travaux de confortement des oueds et de protection de la ville contre les inondations, exécutés récemment, ont tout de même limité les dégâts. Avant de visiter la nouvelle unité centrale de la Protection civile, M.Alia nous a fait savoir que la Société nationale de tabac et allumettes (Snta) a perdu quelque 3 milliards de centimes suite aux inondations qui ont touché le dépôt. Djelfa va se doter dans les prochains jours d'une unité centrale qui s'étendra sur une superficie de 1,5 hectare, construite sur un petit monticule. Elle ne risque pas de voir son fonctionnement bloqué en cas d'inondation. Si cette unité voit le jour, c'est grâce aux efforts du lieutenant Alia, ont reconnu les agents de la Protection civile de Djelfa. Cette nouvelle structure finie à 95% selon le wali va accueillir quelque 400 éléments. Elle s'est dotée également de 3 camions, 8 voitures et 4 minibus en guise de renforcement des moyens matériels pour les Hauts-Plateaux. Il y a lieu de signaler que les éléments de la Protection civile sont très respectés, voire adulés par 1,4 million d'habitants que compte la wilaya de Djelfa.