La Ligue espagnole de football a demandé l'ouverture d'une enquête sur cette affaire. Plus de 15 ans après l'affaire VA-OM en France et les révélations de Jacques Glassmann, l'Espagne pourrait connaître un scandale de corruption identique avec «l'affaire Jesuli» et le match Malaga-Tenerife pour l'accession en première division, la saison dernière. Tout est parti d'une conversation il y a deux semaines entre un ancien joueur de Tenerife, Jesus Mora Nieto dit «Jesuli», et le président de la Real Sociedad (D2), Inaki Badiola, retranscrite lundi dans le journal El Mundo sous le titre Tricheries dans la Liga? «Jesuli», 30 ans, qui s'entraîne aujourd'hui avec la 2e équipe du FC Séville, reconnaît, lors de cet entretien enregistré, avoir reçu de l'argent de Malaga pour perdre le dernier match de la saison 2007-2008 du Championnat de 2e division, à l'issue de laquelle Malaga a été promu (victoire 2-1). «Je ne peux pas te dire si (mes partenaires) ont pris l'argent, mais bon, si je l'ai reçu j'imagine que tout le monde l'aura également reçu, non?», assure notamment Jesuli lors de sa conversation avec M.Badiola, dont le club a été directement pénalisé par la victoire de Malaga contre Tenerife pour l'accession en première division. «J'étais mal parce que bon...et tu vas me dire "Pourquoi as-tu pris l'argent?" Mais bon, je ne vais pas non plus le brûler», explique Jesuli dans l'enregistrement. Devant l'ampleur prise par l'affaire, le président de la Real Sociedad a assuré plus tard, lundi à Radio Marca, qu'il ne lui viendrait «pas à l'idée d'enregistrer les propos de quelqu'un sans qu'il soit au courant». Il accuse aussi «directement» le défenseur de Tenerife Juanma, qui, a selon lui, «tout organisé». El Mundo rappelait que le second but de Malaga, le 15 juin contre Tenerife, avait été marqué sur penalty après une main de Juanma dans la surface de réparation. M. Badiola vise aussi le président de Malaga, Fernando Sanz, et son père, Lorenzo, ex-président du Real Madrid, accusés d'être des «délinquants et des tricheurs». Fernando Sanz a réagi aux propos de Jesuli en menaçant de porter plainte contre le joueur s'il ne se rétractait pas «d'ici 24 heures». Le club de Tenerife s'est aussi manifesté, par la voix de son président Miguel Concepcion: «Nous demanderons des comptes à toutes les personnes impliquées dans cette affaire, aussi bien le président (de la Real Sociedad) que le joueur (Jesuli)». Après ces menaces, «Jesuli» a fait maladroitement machine arrière, en expliquant dans un communiqué que ses déclarations étaient «inexactes» et avaient été prononcées dans le cadre d'une conversation privée. La Ligue espagnole de football (LFP) a demandé l'ouverture d'une enquête, précisant qu'elle n'était «pas compétente pour enquêter et prendre des sanctions». Son président José Luis Astiazaran a demandé aux comités «qui suivent l'affaire (ceux de la Fédération puis le Conseil supérieur des Sports) d'ouvrir une enquête et d'agir en conséquence». L'affaire pourrait remonter jusqu'à l'UEFA. Un porte-parole de la Fédération espagnole avait reconnu dans des déclarations en juin 2007 l'existence de primes versées par des clubs à des équipes moins bien placées dans le Championnat pour qu'elles gagnent contre des adversaires directs. Mais pas d'une équipe à une autre pour qu'elle perde...