Le nettoyage des «écuries d'Augias» a été ardu mais efficace pour les équipes de Netcom. Qui allait nettoyer la ville, curer les avaloirs, déboucher les égouts, ravaler les trottoirs, les terrasses et les balcons? Ce n'est pas là le refrain d'une chansonnette, mais c'est la question qui mérite d'être posée, elle se pose d'ailleurs d'elle-même chaque année après la fête du mouton. Le vieil adage, qui dit «après la fête, on se gratte la tête», sied parfaitement au peuple algérien qui continue, lui, à ne pas savoir où donner de la tête devant les immenses tâches de nettoyage et d'hygiène qu'il découvre au lendemain de l'Aïd El Adha. C'est toujours le même problème, qui survient après les jours de congé des éboueurs, et la voirie en général, pour nettoyer la ville. Comme la plupart de ces travailleurs vont au bled pour passer les fêtes, un acte au demeurant tout à fait légitime, le personnel de ce secteur s'en trouve drastiquement réduit. Il est quand même regrettable, sinon incompréhensible, que les «bergeries» sauvages, disséminées à travers toutes les villes du pays, soient laissées en l'état. Ceci après avoir cumulé plusieurs jours de gardiennage de dizaines, voire de centaines de moutons bêlant, se nourrissant et rejetant leurs déjections à même leur lieu de gardiennage, souvent inadéquat. Une odeur nauséabonde se dégage de toutes les cités du pays. Les locaux, les balcons, les cours se transforment en «bergeries» pour la circonstance. Ce cas de figure invite instamment, ou devrait plutôt inciter les citoyens à retrousser les manches pour faire le ménage devant leurs portes. Ils doivent récurer les restes sanguinolents d'un abattoir «géant» réparti en une multitude de lieux improvisés en abattoirs de fortune, sans aménagement aucun. Cette année, fort heureusement, il en est autrement. Comme pour répondre à ce questionnement, une heureuse initiative de l'entreprise de voirie Netcom, qu'il faut saluer et encourager, est apparue. Opérant dans la capitale, ses équipes se sont mises au travail lundi, juste après l´immolation des moutons, au nettoiement des quartiers et rues de la capitale.Plusieurs centaines d'agents étaient à pied d'oeuvre dès 11h du matin. Une centaine de véhicules, dont des camions bennes et pas moins de 12 camions citernes de Netcom étaient mobilisés pour cela. Ils ont commencé à sillonner les artères de la capitale après le sacrifice rituel pour collecter les déchets et ravaler rues et trottoirs. Pour bien mener leur tâche, les agents de Netcom ont assuré plusieurs tournées de ramassage des déchets. Mais pourquoi donc attendre l'entreprise Netcom ou autres services publics de nettoyage pour faire ce «sale» boulot? Un plus est à enregistrer cette année, car les citoyens n'ont pas attendu la précieuse action des agents de Netcom pour prendre les mesures d´hygiène élémentaires afin de prévenir maladies et épidémies. En effet, certains habitants de petits quartiers avaient déjà pris le balai par le manche avant l'arrivée de Netcom, nettoyant à grande eau, usant d'«huile de coude», astiquant pour le moins leur environnement immédiat. Hélas, ce n'est pas général ni coutumier. Il faut reconnaître que chacun se profile derrière le bon dos du «beylik» auquel est attribué tout relatif manquement aux tâches citadines. Il est cependant, bien à propos, de s'interroger pourquoi le concepteur, l'architecte, l'urbaniste et autres spécialistes de l'environnement ne prévoient pas des situations pareilles, itératives chaque année. Elles sont pourtant communes à tous les Algériens en de telles périodes. L'aménagement des sous-sols des bâtiments des nouvelles cités, des espaces pour cet abattage rituel et le gardiennage du mouton doivent être pensés. Certes, ces espaces seront utilisés une fois l'an. Mais, le reste du temps, ils serviraient de garage, combien nécessaire pour le stationnement des voitures. Cette situation d'absence de bras, inhérente aux congés des travailleurs du secteur, est à comparer aux «désertions» inconsidérées des mitrons, des cafetiers, de chauffeurs de taxi...et de nombre de commerces d'alimentation. Les besoins élémentaires d'une population sont non-satisfaits. Comme à chaque fête, les gens de la ville se trouvent quelque peu désemparés et «orphelins» d'un jour.