Le transport des voyageurs est miné par l'anarchie. Si le manque d'infrastructures caractérise le secteur du transport à Bouira, qu'en est-il lorsque la majorité, si ce n'est la totalité, des transporteurs qui assurent les liaisons entre différents villages et chefs-lieux de communes exercent leur métier en dehors de toute réglementation? Hormis ceux qui assurent les axes routiers les plus importants, qui subissent le contrôle permanent de la direction des transports de la wilaya, dans les lointains hameaux, l'activité échappe à tout contrôle. Outre leur l'irrégularité, ceux-ci osent même imposer leur diktat concernant les prix. Cela ne fait que traduire la grande anarchie qui mine le secteur des transports. A défaut d'autorisation permettant à ces transporteurs d'intégrer les lignes du transport urbain, semi-urbain ou celles menant au chef-lieu de wilaya - lesquelles, selon des témoignages de quelques transporteurs, sont inaccessibles - les lignes intérieures sont livrées à la loi des transporteurs. Le leitmotiv est qu'il faut travailler, au diable la loi! En l'absence du contrôle, ils assurent le transport rural, vers les hameaux et les villages, loin, loin du regard des responsables du secteur. Ce sont les souris qui dansent quand le chat est absent. De ce fait, le métier de transporteur de voyageurs devient, par la force des choses, à la portée de tout un chacun. Il suffit, dans la majorité des cas, d'avoir un permis de conduire, un fourgon et du courage afin de faire face aux risques, généralement tomber sur un barrage de la Gendarmerie nationale, avec comme conclusion la fourrière ou le retrait de permis de conduire, soit, un accident de la circulation qui pourrait bien se produire à tout moment. Aussi, combien de fois il a été signalé à travers les villages le fait que des personnes qui obtiennent fraîchement leurs permis de conduire se lancent dans la profession alors qu'ils ne disposent d'aucune expérience. Les exemples corroborant ce constat ne manquent pas. Dans la daïra de M'chedallah à l'est de la wilaya, du moins pour les communes situées sur le flanc sud du Djurdjura, l'activité a atteint les sommets de la fraude. Les chemins reliant le chef-lieu de daïra à l'ensemble des villages et localités sont occupés par ces transporteurs «amateurs» qui bravent les lois et les réglementations. Au niveau de cette région, les prix se fixent anarchiquement. Selon l'état de la chaussée empruntée ou selon le tempérament du transporteur qui profite de l'aubaine, en l'absence totale de contrôle des autorités curieusement absentes et qui tardent à assainir la profession. A Saharidj, commune sise en pleine montagne, le prix du billet pour celui qui veut rejoindre le village de M'zarir, à 07km au nord, est fixé à 30DA. Pareil pour le village d'Ath Hemmad et les autres localités enclavées, dont les populations paient très cher le tribut, généré par un laisser-aller puisqu'aucun contrôle ne vient mettre le holà à cette situation anarchique. La daïra de Bechloul ne déroge pas à cette règle. Les lignes menant vers les communes d'Ahl El Kseur et Al Adjiba sont aussi sous l'emprise des fraudeurs. Et ce, sans compter les différents cas à travers les 45 communes que compte la wilaya de Bouira. Par ailleurs,, au moment où le transport des voyageurs à travers quelques zones rurales échappe au contrôle, dans d'autres villages c'est le calvaire au quotidien. A l'exemple des villageois de la commune de Ouled Rached, à une trentaine de kilomètres au sud-est du chef-lieu de wilaya, qui pour gagner le plus proche arrêt de bus, doivent parcourir à pied plusieurs kilomètres. En attendant la restructuration du secteur par la construction de nouvelles infrastructures, les fraudeurs semblent avoir encore de beaux jours devant eux, qui imposent aux voyageurs leur diktat: c'est à prendre ou à laisser. Autrement dit, paie ou tire-toi!