L'anarchie est totale dans les stations de bus des différentes communes de la capitale. Une simple virée dans ces espaces dévoile le manque de commodités et les souffrances quotidiennes des voyageurs obligés de se déplacer dans des conditions qui tardent à être améliorées. Pourtant, l'annonce de la création, par la tutelle d'entreprise, de coopératives de transport privé a été perçue comme un brin d'espoir auprès des millions de voyageurs, qui se déplacent quotidiennement. Mais force est de constater, que plusieurs années après l'annonce, les transporteurs continuent à exercer dans une anarchie totale. « Chaque transporteur doit répondre à des conditions fixées par la tutelle. C'est un métier comme tout autre. Il y a de la paperasse qu'il faut honorer, mais c'est loin de suffire pour organiser le déplacement des bus à l'intérieur et à l'extérieur des stations », nous confie un jeune transporteur, qui n'a pas hésité à qualifier ce domaine comme « une jungle où le plus puissant dévore les petits ». C'est dans une cacophonie assourdissante que les receveurs, d'une voix stridente, hurlent leur destination. Les trottoirs, même retapés à maintes reprises au niveau, par exemple, de la station du 2 Mai (Alger-Centre), sont loin d'être au top de l'hygiène et de la praticabilité. La poussière, la fumée et les mares de liquides rejetés par les véhicules, qui ne sont plus à leurs premières années d'utilisation, sont un décor très connu des usagers des bus transitant par cette station. Mais, ici, on est beaucoup mieux servi qu'à Boumati. Là, la station est entourée de tas d'ordures et, est, par la force des choses, insalubre. Les marchands informels ont même envahi l'intérieur de ce qui fait office de station de bus. La destination Boumati, il faut le dire, est inévitable pour certaines localités de la banlieue est. Pris d'une envie pressante, il n'y a rien à faire, sauf peut-être un miracle, celui de trouver des sanitaires dans un café pas loin de la station. C'est en fait une situation commune dans la majorité des stations de la capitale, à des exceptions près. Les stations de Tafourah et celle du Caroubier disposent, elles, de sanitaires ! Mais, il faut aussi relever l'absence de sécurité dans certaines stations. A l'exemple de la station Aïssat Idir où ce n'est que récemment que des éléments de la police assurent un minimum de protection. Il est connu que les voleurs et autres auteurs d'agressions verbales et physiques hantent ces endroits à forte affluence pour jeter leur dévolu sur leurs victimes et « travailler ». Pour la Fédération nationale des transporteurs privés, « cette anarchie dans les stations reflète la mauvaise organisation de l'administration qui gère le secteur ». Le premier responsable de cette organisation, M. Boucherit déclare : « On ne peut pas parler aujourd'hui de stations de bus. On a des aires de stationnement, et quand vous avez des communes et des villes entières privées de gares, il n'y a rien à faire pour palier ces lacunes ». Plus pessimiste encore, M. Boucherit estime que l'installation de gestionnaires au niveau de certaines stations « n'a rien apporté ». Au contraire, il faut confier cette gestion à des spécialistes et des professionnels. Il faut une concession en bonne et due forme, et ensuite que l'entreprise qui gère soit privée ou publique cela importe peu. Le même représentant déplore l'insécurité qui règne en maître. Pour l'anarchie caractérisant ce secteur, il suggère : « il faut une professionnalisation de l'administration pour gérer les 1000 transporteurs de la capitale ». Le projet de création de petites entreprises de transports, M. Boucherit le qualifie de « faux projet, car il est impossible de le concrétiser sur le terrain », estime-t-il.