L'Algérie doit former des juges spécialisés dans le traitement des affaires relatives aux accidents de la circulation. Les aspects juridiques des accidents de la route ont été les thèmes des conférences présentées, hier samedi, à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, à l'occasion d'une journée d'étude organisée par l'association «Les amis de la route». Cette rencontre était l'occasion pour la Sûreté nationale, d'abord, de livrer les bilans de son action ainsi que ses attentes. Puis, c'était au tour de personnalités influentes en la matière, de présenter des communications sur divers thèmes, dans une salle archicomble. Ainsi, d'une part, face à ce phénomène qui endeuille des milliers de familles algériennes, les intervenants s'accorderont sur des recommandations très importantes en attendant la réaction des pouvoirs publics. D'autre part, ils dresseront un tableau noir des manques enregistrés dans la prévention et la gestion juridiques de ce fléau. Hirèche Zoubir, représentant de la Sûreté de wilaya, abordant l'excès de vitesse, préconisera le durcissement des lois pour une lutte efficace contre les conducteurs dangereux. Quant à la stratégie adoptée par les forces de sécurité, celle-ci, selon le même orateur, est segmentée en trois éléments. La police prévoit ainsi comme première phase, la sensibilisation avant d'entamer des opérations de dissuasion pour aboutir enfin à la répression des mauvais comportements sur la route. Pour harmoniser le travail des agents avec le système judiciaire, le conférencier proposera la formation de juges spécialisés, à l'instar des pays européens, dans le traitement des affaires liées au Code de la route. Le représentant de la police dira, enfin, qu'il demeure encore des comportements qui nuisent à l'image de la police mais qui sont sévèrement sanctionnés. De son côté, M.Bouzidi, avocat et ancien magistrat, critiquera vivement les lois, régissant ce domaine. Il dira, à cet effet, que ces dernières attendent, depuis 1974, leur application mais en vain. Quant aux chapitres mis à exécution, le juriste déplorera des confusions qui ont participé, hélas, à l'aggravation de la situation. Pour lui, l'auteur d'un accident mortel est puni de la même peine que le récidiviste ainsi que l'auteur d'un délit de fuite. C'est là, dira-t-il, un héritage du système juridique français qu'il faudra remplacer par des lois plus en phase. Il préconisera, à cet effet, le système américain qui punit chacun de ces délits, favorisant ainsi la diminution de la récidive. Il regrettera également que l'Université algérienne ne s'intéresse pas à ce domaine. Pour illustrer ces propos, M.Bouzidi dira que les facultés de droit algériennes ne dispensent aucun module relatif au Code de la route et à l'ordonnance 74-15 de 1974. Intervenant sur un autre ton, M.Lazouni, président de l'association et animateur de l'émission «Tarik Essalama» à l'Entv, sera moins catastrophiste et moins alarmiste. Malgré les chiffres effarants, l'animateur affirmera que le nombre de décès a été bel et bien stabilisé. Il dira, pour illustrer son optimisme, qu'en 1985, les accidents ont fait 4134 morts mais, à cette époque, il n'y avait que 1.600.000 véhicules pour 25 millions d'Algériens. Aujourd'hui, en 2008, les routes causent 4177 décès mais, avec près de 5 millions de véhicules dans le parc pour 34 millions d'Algériens. Aux côtés de cet optimisme, M.Lazouni critiquera toutefois, certains comportements. Il dira qu'il y a une volonté de rabattre les citoyens sur les concessionnaires. Il considérera que le manque de transport public obéit à cet objectif. Concernant justement le transport, l'animateur affirmera que ce secteur a été clochardisé. Il citera, en effet, l'exemple de pratiques nuisant à la vie des usagers. Lazouni racontera qu'il a constaté, à Tiaret, des fourgons de transport avec des chaises en plastique transformées en coussins après qu'elles aient été recouvertes d'éponge et de tissu. Cette journée aura donc été l'occasion de dresser un tableau peu relisant des routes algériennes. Les accidents sont causés par une multitude de facteurs. En plus du facteur humain, c'est toute l'infrastructure routière qui est mise en cause et conséquemment les responsables des travaux publics.