Incapable de marquer le moindre but en trois matches, le champion du monde quitte la scène en laissant son trône vide. Le Sénégal, considéré comme le Cendrillon de ce Mondial, vient de réaliser un exploit inédit pour une nation qui prend part à son premier Mondial en se qualifiant avec brio au second tour après avoir brûlé la politesse au champion du monde en titre. Un champion contraint de faire ses valises dès le premier tour après avoir abdiqué devant justement le Sénégal et le Danemark. Malheureusement et sauf miracle des Bafana-Bafana de l'Afrique du Sud, le Sénégal sera le seul représentant africain au second tour après la débâcle des autres postulants africains. Le Nigeria, le Cameroun et à un degré moindre la Tunisie dont les chances mathématiquement pour passer restent intactes, ont beaucoup plus brillé par leur manque de concentration. Inconnu au bataillon, le Sénégal s'est avéré, en fin de compte, un véritable poison pour ses adversaires qui ne donnaient guère cher de ses chances. Sa prochaine confrontation contre le leader du groupe de la mort risque de lui être fatale quant à la suite de l'aventure. Mais sait-on jamais? Le football n'a jamais été une science exacte et il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Sur ce chapitre, la France et l'Uruguay en savent un bout. Deux anciens détenteurs de la Coupe de monde viennent de faire les frais d'une élimination prématurée. Après le Brésil et l'Espagne, l'Allemagne a été le seul des anciens champions qui jouaient, hier, leur tête couronnée à se qualifier pour la suite du Mondial, l'Uruguay et la France ayant abdiqué face au Sénégal et au Danemark, l'Eire venant compléter le carré des élus aux dépens du Cameroun. A Shizuoka (Japon), les Allemands ont dompté (2-0) les Lions camerounais à l'issue d'un match marqué par une débauche de cartons sortis par l'arbitre espagnol Antonio Lopez Nieto: 8 jaunes et 1 rouge pour chacune des deux équipes, un nouveau (triste) record de l'histoire du Mondial qui va priver Carsten Ramelow, Dietmar Hamann et Christian Ziege des 8es de finale. Seuls, en effet, les joueurs ayant reçu un seul carton jaune lors des trois premiers matches de groupe voient leur compteur remis à zéro par la Fédération internationale. Comme attendu, l'Eire a dominé l'Arabie Saoudite (3-0) à Yokohama (Japon) et gagné sa place en huitièmes de finale. Dans le groupe A, à Suwon, l'Uruguay a eu le panache de tout tenter après une première période tourbillonnante des Lions sénégalais. Elle n'a pu que remonter en seconde période les trois buts de retard concédés en première. Inutile, mais le geste y était. Aujourd'hui, deux autres anciens champions, l'Argentine (1978 et 1986) et l'Angleterre (1966) mettent à leur tour leur prestige en jeu. Face à la Suède, une défaite condamnerait les Argentins. Ils doivent l'emporter ou, en cas de match nul, compter, dans l'autre rencontre du groupe F, sur une défaite de l'Angleterre face au Nigeria. Les Anglais peuvent se permettre de concéder un nul face à des Nigérians déjà éliminés, mais qui seront tentés par un baroud d'honneur face à l'ancienne puissance coloniale. Dans le groupe B, enfin, l'Afrique du Sud compte sur la démobilisation de l'Espagne, déjà qualifiée, pour s'attribuer le dernier billet - un nul lui suffit - aux dépens du Paraguay pour qui une victoire sur la Slovénie sera nécessaire, mais pas forcément suffisante.