Malgré de nombreuses réticences, l'UE avait indiqué ces dernières semaines que certains de ses pays membres étaient prêts à accueillir au cas par cas quelques détenus. Les Etats-Unis ont «formellement» demandé à l'Union européenne d'accueillir d'anciens détenus de Guantanamo et ont promis de fournir «toutes les informations nécessaires» aux pays européens susceptibles de les accepter, a annoncé hier la Commission européenne. Les autorités américaines sollicitent «formellement un rôle actif de l'Union européenne» et «font état d'une ferme volonté de créer un cadre de coopération visant à faciliter les accords bilatéraux avec les Etats membres qui seraient intéressés à accepter d'ex-détenus», indique le commissaire européen à la Justice et à l'Immigration Jacques Barrot, dans un communiqué. «Je salue la volonté des autorités américaines de fournir toutes les informations nécessaires à l'analyse, au cas par cas, des situations des personnes actuellement détenues et me réjouis de l'engagement réitéré des Etats-Unis de mener la lutte contre le terrorisme dans le plein respect des valeurs démocratiques», ajoute-t-il. Malgré de nombreuses réticences, l'UE avait indiqué ces dernières semaines que certains de ses pays membres étaient prêts à accueillir, au cas par cas quelques détenus du centre de Guantanamo, que le président américain Barack Obama a prévu de fermer d'ici janvier 2010. Mais les Européens ont prévenu que la décision d'accueillir ou non des détenus revenait à chaque pays membre, et ne pourrait se faire qu'au cas par cas, une fois que Washington en aurait fait la demande formelle et que les Européens auraient toutes les informations pour juger de la dangerosité des personnes susceptibles d'être accueillies. Cette demande formelle sera discutée lundi lors d'une réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur de l'UE à Luxembourg. Les débats devraient notamment porter sur le nombre d'anciens détenus susceptibles d'être accueillis par l'UE et le statut à leur accorder. Une des questions sera leur liberté de mouvement dans l'espace européen sans frontière Schengen, constitué entre les pays de l'UE à l'exception de la Grande-Bretagne et de l'Irlande. La France a déjà été sollicitée pour accueillir deux ressortissants algériens blanchis par la justice américaine, et libérables depuis novembre 2008. «La France est prête à prendre sa part, mais nous mettons un certain nombre de critères», avait souligné le ministre français de l'Intégration Eric Besson le 26 février à Bruxelles. Soixante détenus de Guantanamo sont dits «libérables». Quelques pays européens - France, Portugal, Espagne - envisagent un accueil. Mais le sujet divise l'UE. L'Autriche, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas refusent tout transfert et l'Allemagne hésite. M.Barrot et le ministre tchèque de l'Intérieur Ivan Langer, dont le pays préside l'UE, s'étaient rendus mi-mars à Washington pour demander des informations précises aux autorités américaines.