Quelques-uns ont même formulé des demandes d'admission dans certains pays. C'est le cas de six détenus qui ont fait une demande au Canada, pour s'y installer. Paris, Rome, Madrid, Londres, Lisbonne, Helsinki, Berlin ou encore Berne, il semble que les capitales européennes se bousculent au portillon pour accueillir les détenus de la prison du Guantanamo dont le gouvernement américain projette la fermeture dans moins d'une année. Cet élan de solidarité et d'humanité de certains pays du Vieux Continent n'a pas manqué de susciter les résistances des autres pays voisins, au point de créer une véritable polémique, notamment en Allemagne et en France. Il n'a pas manqué également de susciter l'enthousiasme de certains détenus, qui affichent aujourd'hui une volonté de choisir leur pays d'accueil, l'Europe ne leur offrant que l'embarras du choix. L'Espagne fut la première à manifester sa volonté de coopérer avec la nouvelle administration américaine sur ce dossier avant même l'installation du nouveau président, Barack Obama. En effet, les quotidiens espagnols ont révélé au mois de décembre dernier que l'Espagne envisagerait d'accueillir des prisonniers du camp de Guantanamo, si un accord sur ce point était trouvé au préalable avec les autres membres de l'Union européenne. Une information qui a été confirmée quelques jours plus tard par un responsable du gouvernement Zapatero. La France en a fait de même, à travers son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner quelques jours à peine après la décision d'Obama, de fermer «le camp de la honte», en faisant savoir qu'elle «était favorable à un éventuel accueil, au cas par cas, des détenus de Guantanamo». Précisant que «les demandes individuelles des personnes concernées seraient étudiées». Le porte-parole du ministère français, Eric Chevalier, a indiqué dans ce sens: «Nous considérons que les prisonniers libérés de Guantanamo craignant pour leur sécurité ne doivent pas être renvoyés dans leur pays d'origine et doivent avoir la possibilité, s'ils ne le sont pas aux Etats-Unis, d'être accueillis dans un pays tiers.» Le chef de la diplomatie finlandaise, Alexander Stubb, est du même avis, puisqu'il a récemment indiqué que «pour les gens qui ne peuvent pas rentrer chez eux, l'Europe doit prendre ses responsabilités». L'élue libérale britannique, Sarah Ludford, justifie de son côté l'implication des Européens dans ce dossier délicat pour des raisons «humanitaires et judiciaires». «Nous parlons d'une poignée de personnes à accueillir dans chaque Etat (...), les pays européens doivent trouver le courage de s'unir sur cette question», a-t-elle plaidé. Quant aux principaux individus concernés par la question, à savoir les détenus du Guantanamo, il semble que ces derniers soient très conscients du «choix du roi» qui s'offre à eux et comptent bien l'exploiter. Quelques-uns ont même formulé des demandes d'admission dans certains pays. C'est le cas de six détenus qui ont fait une demande au Canada, pour s'y installer, dont a largement fait part la presse canadienne. Trois d'entre eux, dont deux Algériens et un Mauritanien, ont déjà habité au Canada et sont donc candidats à un retour au pays, alors que les trois autres sont issus de la minorité chinoise des Ouïgours. Leur demande d'asile est parrainée dans un cas par un groupe de huit églises de Toronto, et dans les deux autres par l'archidiocèse de Montréal, selon les médias canadiens.