Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé, vendredi, les Etats de l'UE à accueillir des détenus de la prison de Guantanamo afin d'aider le président américain Barack Obama, mais nombre de pays continuent à traîner des pieds. “Mon opinion personnelle est que oui, bien sûr, nous devons aider nos amis américains à résoudre le problème” en prenant en charge certains détenus qui s'y trouvent aujourd'hui. “D'ailleurs, il y a au moins deux pays, l'Espagne et le Portugal, qui ont déjà fait des propositions en ce sens”, a déclaré M. Barroso. “Je crois que les Etats membres de l'UE — c'est leur décision bien sûr — pourraient faire un effort pour aider les Etats-Unis à résoudre cette question”, a-t-il ajouté lors d'une rencontre avec quelques journalistes à Bruxelles. La question d'un geste éventuel de l'Europe, sous la forme de l'accueil de prisonniers, doit être débattue pour la première fois, demain lundi, lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. Mais aucune décision immédiate n'est attendue, selon les diplomates, car il n'y a aucune demande américaine pour l'instant et les pays de l'UE sont divisés sur la question. L'Autriche a ainsi de nouveau exclu vendredi d'accueillir des ex-détenus. “Quiconque cause un problème devrait aussi le résoudre. S'il s'agit de citoyens innocents, il n'y a pas de raison qu'on ne leur permette pas de se construire un avenir aux Etats-Unis”, a dit son chef de la diplomatie, Michael Spindelegger. Même réponse de la Suède. “Les Américains ont la responsabilité de fermer Guantanamo et de veiller à ce que la majorité (des détenus) puisse rester aux Etats-Unis”, a déclaré le Premier ministre Fredrik Reinfeldt à Stockholm. Le Danemark et les Pays-Bas sont aussi opposés à l'accueil d'anciens prisonniers. C'est le Portugal qui avait lancé le débat mi-décembre, en étant le premier pays de l'UE à appeler ses partenaires européens à accueillir des détenus. L'Espagne s'est, depuis, engagée à étudier la question tout en prévenant que l'accueil des prisonniers poserait “de sérieux problèmes légaux”. L'Allemagne est, pour sa part, divisée sur la question au sein de sa coalition gouvernementale et adopte une position prudente. “C'est trop tôt pour mener une discussion à ce sujet. D'abord, les Etats-Unis doivent indiquer clairement s'ils veulent des contributions et lesquelles”, a dit vendredi le porte-parole du gouvernement allemand, Ulrich Wilhelm, tout en saluant la décision de fermer la prison, qui “tourne une page difficile des relations transatlantiques”. Quant à la France, elle s'est seulement dite prête à examiner les demandes “au cas par cas”. L'étude de “demandes individuelles d'accueil se fera sur la base d'un examen des implications judiciaires et des conséquences en termes de sécurité qu'un tel accueil pourrait susciter”, a expliqué un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. R. I./Agences