Jean Amrouche ne cessait à la Radio suisse, Lausanne et Genève, de plaider de 1958 à 1961 la cause algérienne. La Journée nationale du savoir et de la science Youm El Ilm, qui coïncide avec le 16 avril de chaque année, sera célébrée, comme à l'accoutumée, par diverses manifestations culturelles à l'échelle nationale. L'évocation à cette occasion du parcours de Cheikh Abdelhamid Ben Badis a toujours été hautement illustrative de l'intérêt accordé par les institutions et des associations confondues à cette personnalité, c'est ainsi que chaque année ils mettent sur pied et peaufinent un programme à l'occasion de la célébration de cette journée symbolique du savoir. Par ailleurs, l'occasion était propice pour les autres, à l'instar de ces jeunes de l'association Amusnaw de Tizi Ouzou et l'association de Jean et Taous Amrouche d'Ighil Ali, qui se sont regroupés, pour mettre également tout leur enthousiasme en marge de cette célébration de Youm El Ilm, pour commémorer le 47e anniversaire de la mort de Jean Amrouche, une opportunité pour rendre un grand hommage à ce grand homme aux multiples facettes. L'objectif est avant tout de cerner «la complexité de ce personnage à la fois fascinante et problématique». De fait, Jean Amrouche fut un poète, un écrivain, un critique littéraire, un penseur, un homme de radio, un humaniste engagé, un homme de dialogue, de justice et de paix; il fut aussi un homme «déchiré» entre deux cultures. Ainsi, c'est une manière pour eux de relancer l'action culturelle presque inexistante dans ces contrées montagneuses. Plusieurs compétitions culturelle, artistique, scientifique et éducative seront au programme. Justement le moment phare de ces festivités commémoratives sera les conférences ayant pour thème «Fadhma At Mansour et Jean Amrouche» qui le symbolisera le mieux que, madame Amhis en l'occurrence. Et «Jean Amrouche, poète et combattant de la liberté», qui sera animée par M.Ali Sayed. Selon les initiateurs, une exposition sur la personnalité de Jean Amrouche et une autre mettant en valeur le talent et la force créatrice des artistes locaux seront au menu. De son nom Jean El-Mouhoub Amrouche, Jean Amrouche est né le 7 février 1906 en Kabylie, au village d'Ighil Ali. La colonisation a fait de lui un chrétien avec le français comme langue, ce qui lui donna le sentiment d'être exilé dans son propre pays. L'image de l'innocence perdue et de l'enfance hante sa poésie, toute à la recherche de lumière. En exprimant en français les Chants berbères de Kabylie, il en fait un trésor de la poésie universelle. Après de brillantes études secondaires à Tunis, Jean Amrouche entre à l'Ecole normale de Saint-Cloud. Il est ensuite professeur de Lettres dans les lycées de Sousse, Bône et Tunis, où il se lie avec le poète Armand Guibert, et publie ses premiers poèmes en 1934 et 1937. Pendant la Seconde Guerre Mondiale il rencontre André Gide à Tunis et rejoint les milieux gaullistes à Alger. Jean Amrouche réalise simultanément de très nombreuses émissions littéraires, sur Tunis-R.T.T, Radio FranceAlger, et surtout Radio-France-Paris, dans lesquelles il invite les philosophes, poètes, romanciers et artistes de grande renommée. Il est l'inventeur d'un genre radiophonique nouveau dans la série de ses entretiens, notamment avec André Gide, Paul Claudel, François Mauriac, et Giuseppe Ungaretti. Après avoir été mis à la porte de Radio France par le Premier ministre de l'époque, alors qu'il sert d'intermédiaire entre les instances du Front de libération nationale algérien et le général De Gaulle dont il est un interlocuteur privilégié, Jean Amrouche ne cessait à la Radio suisse, Lausanne et Genève, de plaider de 1958 à 1961 la cause algérienne. Il meurt d'un cancer quelques semaines après l'accord de cessez-le-feu, le 16 avril 1962 à Paris.