Abdelkrim Tahar a exposé au début de ce mois d'avril des dizaines de tableaux à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Le parcours de cet artiste peintre de 60 ans est atypique car il n'est devenu artiste qu'à l'âge de 45 ans. Il confirme qu'il n'a jamais peint ni dessiné quoi que ce soit avant cet âge-là. Il précise qu'il n'est pas le seul artiste peintre, don qui se révèle tardivement. Toutefois, on ne retrouve pas ce genre de situations chez les grands peintres. Comment alors est née cette passion chez un homme destiné initialement à donner des cours d'abord à l'université de Tizi Ouzou puis en France, à partir du début des années quatre-vingt? Quand il a cessé l'enseignement, il s'est investi dans le mouvement associatif en France. Mais cette occupation lui prenait beaucoup de temps et l'éloignait trop de la maison, ce qui déplaisait à sa compagne. C'est à partir de là qu'il a réfléchi à l'activité passionnante qui l'occuperait sans qu'il soit obligé de déserter tout le temps le petit chez-soi. Un jour, il se promenait dans la ville d'Amiens alors qu'il passait devant une galerie qui vendait des articles de peinture. Une pure coïncidence mais qui détournera le cours de la vie de Tahar de sa trajectoire. Car, l'ex-enseignant qui avait à l'époque 45 ans, a acheté quelques fournitures justement. Il a commencé à peindre discrètement mais passionnément. Un autre beau jour, il rencontra, par chance cette fois-ci, un professeur d'art plastique, auquel il a montré ce qu'il faisait. Il l'encouragea à poursuivre. Quelque temps plus tard, il rendit visite à Jacques Goffinon, un critique d'art qui écrit dans le journal Le Courrier. En consultant mes tableaux, il s'est longuement attardé sur l'un d'eux «il me dit alors que c'était un chef-d'oeuvre. Vous avez un style, allez-y, continuez...!». Ce deuxième verdict en sa faveur a constitué un véritable déclic puisqu'il décida sur place de ne plus abandonner et de poursuivre sa carrière d'artiste peintre, non pas comme une quelconque activité lucrative mais juste peindre pour le plaisir. Il organise plusieurs expositions à Paris, Amiens, Marseille. Mais c'est en Algérie qu'il réalise doublement son rêve, en exposant à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Ce qui lui offre l'occasion de discuter avec les citoyens de la région car les thèmes abordés dans ses travaux sont en relation directe avec ces derniers. Un vieux peintre de Tizi Ouzou, ayant exposé dans la même salle au début des années soixante-dix, était émerveillé en visitant l'exposition Abdelkrim Tahar. Cette dernière l'a fait voyager dans le temps et lui a fait revivre sa jeunesse.