A ce jour, seules trois transplantations à partir de cadavres ont été réalisées et la réticence reste de mise. La pratique de la greffe d'organe, notamment des reins, suscite toujours des débats en Algérie. Et depuis lundi, un autre débat a eu lieu au centre universitaire de Khemis Meliana dans la wilaya de Aïn Defla. En effet, plusieurs professeurs d'université, chercheurs et médecins ont pris part à un colloque qui a traité de la problématique de la transplantation d'organes à partir de donneurs vivants et de cadavres, trois jours durant. Dans son intervention au premier jour du colloque, le docteur Ben Yahia Boukhatem du CHU de Blida a fait une rétrospective de la greffe rénale en Algérie, indiquant que cette dernière demeure la solution la mieux appropriée aux personnes souffrant d'insuffisance rénale et le seul moyen de rétablir la fonction normale des reins. Concernant les points de vue de la législation et de la religion, l'orateur affirmé que la loi algérienne et la religion permettent la transplantation d'organes. Il argumenta en évoquant l'ordonnance 76/79 du 23 octobre 1976 et les «fetwas» rendues par d'éminents oulémas nationaux et de pays musulmans. De son côté, le professeur Drif de l'hôpital Mustapha-Bacha, a présenté un bilan en matière de greffe rénale depuis qu'il a lancé cette technique en 1986. Ce dernier fait état de 500 greffes rénales réalisées en Algérie à ce jour. Concernant la question sensible de la greffe rénale à partir de donneurs cadavériques, le conférencier a révélé que seules trois transplantations ont été réalisées en 2002 à la clinique Daksi dans la wilaya de Constantine. Quant au point de vue religieux sur cette question, il a été donné par le docteur Mohamed Bouzidi, professeur de la «charia» à l'université d'Alger et conseiller au ministère des Affaires religieuses et des Wakfs. Il a indiqué, dans ce contexte, que l'Islam autorise le don d'organes quand il s'agit de sauver une vie humaine. Cette position de l'Islam, explique-t-il, est valable sur les cadavres comme sur le donneur vivant lorsqu'il n'y a pas d'autres moyens de thérapie, avant d'ajouter que le commerce de dons d'organes est strictement interdit par la religion. Pour rappel, et selon les dernières statistiques de la Société algérienne de néphrologie, le nombre de malades atteints d'insuffisance rénale chronique en 2008 a atteint les 13.000. Concernant le chiffre attendu pour 2010, ils seront 20.000 cas. Cet organisme estime également que 30% de ces malades nécessitent une greffe du rein, 55% des séances d'hémodialyse au niveau des cliniques et 10% une dialyse péritonéale.