La transplantation d'organes humains en Algérie, un thème encore soumis au débat contradictoire au moment où de nombreux pays arabo-musulmans et occidentaux observent des avancées considérables au profit de leurs populations. Autour du thème « Transplantation d'organes humains entre loi et charia » (droit musulman), le département des sciences administratives et juridiques organise son 2e colloque national consacré à ce sujet polémique. Professeurs, médecins, notaires et magistrats ont suivi avec intérêt les premières communications animées par les professeurs B. Boukhatem, El Mahdi Si Ahmed (hôpital Frantz Fanon de Blida) et Abderrahmane Boudoumi (centre universitaire de Khemis Miliana). Les intervenants ont d'abord dressé le bilan des greffes dans le monde et en Algérie d'où il ressort que notre pays connaît une évolution lente dans ce domaine. A titre d'exemple, la France a réalisé, en 2006, 4664 greffes pour près de 13 074 patients ayant eu besoin d'une transplantation. L'Iran, pays leader, réalise annuellement près de 21 250 greffes sur des sujets vivants et des cadavres et ne connaît pas de liste d'attente. Pour sa part, l'Algérie a effectué depuis 1986, date du lancement de cette pratique, 500 greffes dont une sur cadavre pratiquée au niveau du CHU de Constantine. Pour les professeurs Boukhatem et El Mahdi, la seule solution pour les patients algériens demeure le donneur cadavérique sachant que l'Algérie enregistre annuellement 4000 victimes de la route alors que l'on recense des milliers de malades ayant besoin d'une greffe. L'objectif, selon l'un des animateurs, est d'arriver à 2000 transplantations par an au lieu des 200 fixées par le ministère de tutelle. Les communicants s'accordent à avancer que cette pratique connaîtra une évolution ascendante par le développement du système de santé et d'une volonté politique. Par ailleurs, des révisions concernant certaines dispositions juridiques sur la question doivent intervenir. Si les contraintes religieuses, affirment les mêmes sources, ont été levées depuis longtemps comme le soulignera également le Dr Bouzidi, représentant du ministère des Affaires religieuses, il reste néanmoins les écueils d'ordre éthique, culturel et organisationnel qui, selon les orateurs, freinent l'évolution de cette pratique dans notre pays. De son côté, Me A. Boudoumi a exposé son point de vue en insistant sur les différentes définitions de la mort et sur le problème de savoir à quel moment on peut affirmer que la vie s'est arrêtée. Une question tranchée depuis longtemps, nous dira le professeur B. Boukhatem ; mais pour plus de détails, les participants pourront suivre les débats et plus de 18 communications durant trois jours.