Jeudi dernier, le Printemps berbère a brillé dans le ciel de Tizi Ouzou. Une grandiose fête a clôturé les festivités commémoratives du Printemps berbère à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, qui s'est avérée, une fois de plus, exiguë pour contenir des activités de ce genre. Mais une organisation à la hauteur de l'événement a permis aux centaines de présents de vivre un après-midi inoubliable. C'est presque inévitablement que l'orchestre professionnel de la Maison de la culture a entamé la manifestation avec de belles notes de la chanson de Matoub Lounès Hymne à Boudiaf, avant d'écouter l'hymne national algérien. Et encore une fois, le Rebelle s'invite puisque le premier artiste monté sur scène a choisi l'un des titres du maître de la chanson berbère. Le directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou a tenu à rappeler les acquis nombreux arrachés au profit de la cause amazighe sans omettre qu'aujourd'hui, ce sont les institutions de l'Etat qui commémorent les événements relatifs à la question identitaire qui a été, pendant des années, exclue de tout espace public. L'intervenant a remercié l'ensemble des spécialistes en tamazight ayant pris part à la semaine de l'amazighité: les auteurs de livres en tamazight, les artistes venus nombreux et tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à faire du Printemps berbère 2009 une saison de joie et non plus celle des larmes. «Nous pouvons aujourd'hui espérer que le deuil n'aura plus droit de cité chez nous», a indiqué l'orateur. Le grain de sel de ce climat festif extrême a été l'oeuvre des collégiens de dix écoles moyennes du centre-ville de Tizi Ouzou ayant pris part au concours de la meilleure dictée en tamazight. Lorsque Abdellah Arkoub, vice-président de l'association des enseignants de tamazight annonçait les noms des lauréats de ce concours, les réactions des adolescents surexcités rappelaient celles de la célèbre émission Questions pour un champion. La remise des prix aux lauréats s'est effectuée en présence des parents des enfants et de leurs enseignants. Il s'agit d'enfants âgés d'à peine quatorze ans, qui maîtrisent la langue amazighe au plan oral mais surtout celui de l'écrit. Et c'est dans les écoles algériennes qu'ils ont pu apprendre leur langue maternelle. Dans la salle, des commentaires enthousiastes fusent d'un peu partout. De nombreux présents n'ont pas manqué d'avoir une pensée au pilier du combat identitaire, L'un d'eux a eu cette réflexion, au moment de la remise des prix à un élève de tamazight: «Si ce n'était pas Matoub, on n'entendrait plus parler de tamazight aujourd'hui!» Une pensée partagée par la majorité, car dans ces moments de victoire de la cause berbère, il ne faudrait pas oublier ceux qui sont derrière. Le chanteur Ouazib Mohand Améziane, dont les débuts de carrière artistique remontent aux années de plomb, a aussi insisté sur le devoir de mémoire, en citant, entre autres Bessaoud Mohand Arav. «Sans Bessaoud, je n'aurais découvert mes origines berbères que bien plus tard ou peut-être jamais», a affirmé l'artiste qui a interprété une chanson où il revendique la berbérité de tous les pays d'Afrique du Nord. D'autres artistes talentueux, anciens et jeunes, ont participé à la floraison du printemps de ce jeudi 23 avril 2009, à l'instar de Rabah Ouferhat, Ali Meziane, Karim Khelfaoui, Taous, Ouali, Nourredine Debiane. Un vrai Printemps amazigh.