Le colloque international organisé par l'université de Tizi Ouzou en hommage à Mouloud Mammeri a été clôturé, jeudi dernier, après avoir traité, à travers une dizaine de communications, les multiples facettes et dimensions de l'œuvre romancière, des travaux scientifiques ainsi que de l'engagement intellectuel et les activités militantes au sein du FLN combattant de cet écrivain, anthropologue et surtout défenseur de la culture berbère. “Mammeri et la littérature maghrébine d'expression française”, “Mammeri, le romancier”, “Mammeri, défricheur des savoirs”, “Mammeri à travers une interview filmée”, “La traduction de Innayas cheikh Mohand”, “À propos d'un savoir traditionnel sur la poésie kabyle”, “Le Printemps berbère vu par la presse du parti unique” sont autant de thèmes abordés, lors de cette rencontre, par des universitaires algériens, dont Amar Nabti et Mme Atika Kara de l'université d'Alger, Mohand Akli Salhi et Omar Aïn Aider de l'université de Tizi Ouzou, Sadek Bala et Brahim Hamek de l'université de Béjaïa, ainsi que des chercheurs dans des universités françaises dont Ali Sayad de l'université de Metz et Denise Brahimi et Hervé Sanson de l'université de Paris. Bien que l'assistance était peu nombreuse, les communications ont été à chaque fois suivies de débats assez riches dans le sens où ils ont permis de révéler des aspects peu connus de l'œuvre de Mammeri et aussi de démontrer toute l'importance de son œuvre romanesque que les conférenciers disent “écrite sur un fond de tragédies avec une dimension politique et sociale car, à chaque fois, faisant la description du contexte fait de répression, de misère sociale, de discrimination et d'une intégration impossible car refusée par le peuple”. Il est à souligner que le colloque s'est ouvert, mercredi, sur un fond de protestation estudiantine qui a failli déboucher sur l'interruption de cette manifestation scientifique organisée à l'occasion de la célébration du 26e anniversaire du Printemps berbère 1980. À peine la première communication prévue au programme achevée, l'auditorium a été envahi par plusieurs centaines d'étudiants, banderoles à la main et sparadrap sur la bouche. “Ne souillez pas la mémoire de Mouloud Mammeri”, “N'essayer pas de vous déculpabiliser de l'avoir interdit d'accès un certain avril 1980”, lit-on sur les banderoles de ces protestataires qui voulaient sans doute, à travers cette action, prendre leur revanche après empêchement, par l'administration, de leurs activités commémoratives organisées en février dernier en hommage au même Mammeri. Certains parmi l'assistance ne tarderont pas à se joindre à l'action des étudiants pour dénoncer, disent-ils, le peu d'intérêt accordé à ce colloque par l'administration dont les responsables n'ont même pas daigné assister à l'ouverture des travaux. Voyant la tension qui montait de plus en plus dans la salle, les conférenciers ont préféré suspendre les travaux pour les reprendre ensuite dans l'après-midi. Par ailleurs, l'association Si Muh u M'hand organisera elle aussi un autre colloque sur Mouloud Mammeri du 17 au 21 du mois en cours à la maison de la culture de Tizi Ouzou. Plusieurs conférences seront animées à l'occasion par des universitaires et hommes de culture, dont Mohammed Lakhdar Maougal, Slimane Hachi, Abdenour Abdeslam, Rachid Mokhtari, Hacène Hirèche, Dourari Abderezzak… Plusieurs représentations théâtrales dont le Foehn écrite par Mouloud Mammeri, huit clos écrite par Jean-Paul Sartre et Le funambule de Jean Genet sont prévues au programme de ces journées durant lesquelles plusieurs concerts et tables rondes sont également inscrits. SAMIR LESLOUS