Un vibrant hommage a été rendu mercredi soir à Hadj Mamed Benchaouch, en reconnaissance à sa très longue et riche carrière de musicien, d'enseignant mais aussi de détenteur d'un important répertoire andalou... Placé sous le «mode» nouba printanière, la 6e édition de Andaloussiate El Djazaïr s'est ouverte mercredi soir au Théâtre de verdure d'Alger, dans un décor des plus somptueux. En effet, c'est un hall auréolé de «parfum» andalou qui a accueilli les convives et mélomanes devant assister à la soirée inaugurale, animée par l'association El Djazira d'Alger. Les expositions d'artisanat, entre objets en céramique et en cuivre, ont égayé en effet, cette entrée qui nous a d'emblée plongés dans le royaume andalou des siècles passés. L'établissement Arts et Culture a mis le paquet pour faire de ces soirées dédiées à la musique classique algérienne un véritable événement féerique. Beaucoup de monde s'est déplacé pour cette première soirée qui a vu se produire l'association culturelle et musicale El Djazira, créée en 1993 pour faire connaître et promouvoir la musique classique arabo-andalouse en Algérie et à l'étranger. C'est pourquoi elle a enregistré cinq albums afin de pérenniser ce patrimoine. Au prix d'efforts, constants et d'idées novatrices, El Djazira tente d'universaliser la musique andalouse, tout en préservant son originalité et ses repères. Au tar et derbouka, elle y a introduit le piano, le hautbois et d'autres instruments pour un peu plus d'harmonie et d'universalité dans les sons. L'association El Djazira a brassé mercredi soir un large éventail du patrimoine musical andalou. En première partie, le public a pu apprécier une nouba rasd déclinée en plusieurs morceaux, notamment un raml maya, In Manaâ Toum, un m'ceder, Allah ya rabi, un btaihi, Moudbadet, un derj mali gamam, trois nesrafat qui se sont traduits par Minhoubi hadel Ghazala, Bahâ Istibari et El hawa et un khlas, Ya toura. La deuxième partie a été réservée à des chants hawzis dans le mode ghrib tandis que la troisième à des chants hawzis dans sa déclinaison du mode arak. Aussi, en présence de la famille, amis et proches et petits-enfants, un vibrant hommage a été rendu à hadj Mamed Benchaouch. Un geste qui se veut une reconnaissance à sa très longue et riche carrière de musicien, d'enseignant, de détenteur d'un important répertoire mais aussi comme étant aujourd'hui l'un des derniers représentants avec maître Sid-Ahmed Sari de l'école des frères Fekhardji. En effet, il deviendra professeur de musique andalouse au conservatoire d'Alger en 1967 qu'il ne quittera plus. A ce jour, il continue de prodiguer ses conseils aux jeunes élèves du conservatoire. Mais sa consécration vient en 1980 quand le grand maître de l'époque Abderrezak Fekhardji se retire du conservatoire et qu'il fut appelé à le remplacer. Il assurera les cours de la classe supérieure, une classe qu'il dirigea avec une main de maître et un savoir-faire pédagogique inégalable et ce, jusqu'à aujourd'hui. Riche en activités, la 6e édition d'Andaloussiate El Djazaïr a vu se dérouler, dans la matinée, une conférence de presse portant sur «Les dérivés de la musique andalouse algérienne comme modèle, le hawzi.» et animée par le directeur des archives de la Radio nationale et spécialiste en musique, M.Nacereddine Baghdadi. Ce dernier a souligné que la musique andalouse «n'est pas une musique figée», du fait que plusieurs genres émanent d'elle comme par exemple le hawzi et l'aâroubi.M.Baghdadi a relevé que la musique andalouse jouée dans le Maghreb n'est pas celle qui était jouée en Andalousie avant son arrivée dans la région, car «elle a subi, a-t-il dit, une influence locale». «Cette musique a enregistré une évolution dans l'orchestration et l'interprétation», a-t-il expliqué. M.Baghdadi a ajouté que la musique andalouse est une «musique féconde qui reste ouverte à toute innovation ou création, à condition de ne pas atténuer sa ligne mélodique ou son côté esthétique». Interrogé sur la réaction que pourraient avoir certains conservateurs de cette musique envers l'innovation, il a estimé que «leur réaction permettra sûrement d'apporter des réflexions, des débats et de créer une sorte de synergie qui renforcera le dialogue et fera aboutir à un résultat positif». Dérivé de la musique andalouse et né à Tlemcen, le hawzi est rappelons-le, caractérisé par des textes écrits en langage local et interprétés sur des airs typiques de cette musique. Deux autres interventions ont accompagné cette conférence, l'une portant sur «les vocalises dans la musique andalouse» et l'autre sur «les formes modales et rythmiques de la musique andalouse», animées respectivement par le docteur en musique, Yahia Ghoul, et le musicologue Fayçal Benkhalfat, tout deux de Tlemcen.