Tous les regards seront braqués vers le stade olympique de Rome pour suivre la finale de rêve entre deux géants du football mondial. En effet, la finale de la Ligue des champions entre Manchester United et le FC Barcelone, aujourd'hui à Rome, mettra aux prises deux des clubs les plus titrés de la planète, deux équipes pétries de tradition mais également en pointe dans l'ère du foot-business. Le FC Barcelone, fondé en 1899, reste la référence en Espagne avec son grand rival du Real Madrid même s'il ne possède pas tout à fait le même palmarès (19 titres de champion contre 31 aux Merengues, deux C1 contre 9). Le Barça, c'est également un style de jeu résolument porté vers l'offensive, legs laissé par le Néerlandais Johan Cruyff, joueur (1973-78) et entraîneur de génie (1988-1996). Cet héritage est aujourd'hui perpétué par Josep Guardiola, ancien milieu de terrain du club (1990-2001) et fils spirituel de Cruyff, qui a mis fin, avec le titre de champion remporté la semaine dernière, à deux saisons de disette dès sa première année sur le banc, faisant exploser tous les compteurs en Liga (104 buts inscrits en 37 matchs, 86 points) grâce notamment à sa triplette magique Messi-Eto'o-Henry (70 buts à eux trois). Pour Mancehster United et depuis l'arrivée de Sir Alex Ferguson aux commandes du club en 1986, le club mancunien a réussi à supplanter Liverpool comme porte-étendard du football anglais. En 23 ans, les Mancuniens ont remporté 11 titres de champion, rejoignant ainsi les Reds au palmarès (18 championnats chacun). Outre cette domination nationale, la plus grande fierté de Ferguson est d'avoir replacé Manchester United au sommet de l'Europe, 31 ans après sa première victoire en C1 (1968). «Le miracle de Barcelone» en 1999 et les deux buts de Sheringham et de Solskjaer dans les arrêts de jeu contre le Bayern Munich en finale (2-1) ont ainsi mis fin à une longue éclipse. Le 3e sacre de 2008 contre Chelsea n'a fait que confirmer l'hégémonie des Red Devils sur le continent. Au Barça, ce sont les 173.194 abonnés-actionnaires, appelés «socios», qui font la loi en élisant la direction du club présidé depuis 2003 par Joan Laporta. Mais malgré cette spécificité, partagée notamment avec le Real Madrid, «l'entreprise FC Barcelone» est tout de même l'une des plus riches de la planète football avec des revenus de 308,8 millions d'euros, selon l'étude annuelle du cabinet Deloitte parue en février. Ce qui ne l'empêche nullement d'être un élément majeur de l'identité catalane, symbolisé par sa devise en («mes que un club», «plus qu'un club»). Au-delà de la Catalogne, il compte des centaines de «penyas» (clubs de supporters) en Espagne, où l'on est généralement soit pro-Barça, soit pro-Real, ainsi que dans le monde, notamment latino-américain. MU est entré depuis plusieurs années dans l'ère du foot-business. Avec des boutiques ou des «megastores» dans le monde entier, des contrats de sponsoring avec différentes multinationales et la manne des droits télévisés de la Premier League qui lui assurent 115,7 millions d'euros par saison, Manchester United, racheté pour près d'1,2 milliard d'euros en 2005 par le milliardaire américain Malcolm Glazer, est le deuxième club le plus fortuné au monde (324,8 millions d'euros) derrière le Real Madrid et juste devant...le FC Barcelone. La dévaluation de la livre et la crise financière ont certes rogné une partie des recettes du club mais MU peut toujours compter sur une popularité inégalée, notamment en Asie. En dépit d'un certain embourgeoisement des tribunes d'Old Trafford en raison de l'augmentation du prix des billets et la grogne d'une partie des supporters après la prise de contrôle de Glazer, le mythe perdure à travers les figures des héros légendaires du club vénérés par les fans (l'entraîneur Matt Busby, les joueurs Bobby Charlton, George Best, Dennis Law, Eric Cantona).